Dans le village de Peillon dans les Alpes-Maritimes, les parents se réjouissent après plusieurs mobilisations. L'école manquait d'un accompagnant spécialisé (AESH) pour un élève avec des besoins particuliers. L'enfant a été déscolarisé pendant quelques jours cette semaine. L'inspection académique nous confirme qu'une solution a été trouvée.
Cette rentrée scolaire a été ô combien compliquée pour les parents de l’école des Oliviers à Peillon (Alpes-Maritimes).
Au cœur de cette crise, l’absence d’un accompagnant spécialisé (AESH) pour un enfant dont le comportement devenait, selon les familles, ingérable. Après plusieurs mobilisations des parents, les services de l’Éducation nationale viennent d’apporter une réponse pérenne.
Un manque flagrant d’accompagnants en milieu scolaire
"Sans cette mobilisation, ça aurait encore pu durer des mois" nous confie une maman d’élève. Dans l'école des Oliviers à Peillon, c'est seule que l’enseignante a dû gérer les comportements violents (coups, insultes) de l'enfant, nous rapporte-t-elle.
L'Académie de Nice a confirmé à France 3 Côte d'Azur que la situation de l'enfant est résolue, en accord avec la maman. Il nous est rappelé au passage que le nombre d'AESH a augmenté de 40% entre 2023 et 2024 dans ce secteur académique.
L'inspection précise également que dès son inscription en avril, tout a été mis en place pour accueillir l'enfant. La circonscription et l'inspection académique ont tout mis en oeuvre, nous précise-t-on, pour accueillir l'enfant dans les meilleures conditions dès son inscription.
Dès qu'un cas nous est signalé, on traite ce cas de façon personnalisée.
L'inspection académique à France 3 Côte d'Azur
A l'origine de plusieurs mobilisations et de la sollicitation des médias locaux, les parents d'élèves se réjouissent qu'une solution pérenne soit enfin proposée. "On a l’impression d’être sur un bateau qui coule, se désole une maman. L’Éducation Nationale ne bouge que quand on sollicite les médias."
De son côté, l'inspection académique insiste qu'elle est particulièrement impliquée sur ce sujet : "Ce n'est en aucun cas grâce à la mobilisation des parents d'élèves."
Une AESH le matin pour l’enfant
Contactée par France 3 Côte d’Azur, la maman se dit rassurée à la sortie de son rendez-vous avec le rectorat. "Je ressors satisfaite de cette discussion. Mon fils n’avait pas vraiment d’AESH, ou de façon très irrégulière. On m’a assuré qu’une AESH serait là dès lundi, chaque matin."
Son enfant, qui n’a pas encore 10 ans, est "très impulsif" nous précise-t-elle. Il est régulièrement suivi par une pédopsychiatre.
"Je viens d'accoucher, et je peux vous assurer qu’il me prend beaucoup plus de temps que mon nourrisson d’un mois !"
La maman se dit agréablement surprise par la mobilisation des parents d’élèves qui ont tenté, à leur niveau, de faire bouger l’Éducation nationale, sans stigmatiser l'enfant : "Il y a eu un élan de solidarité très bienveillant."
Si une solution à court terme a été trouvée pour le petit, la mère espère tout de même qu’une place pourra se libérer à l’avenir dans un institut spécialisé : "J’aimerais beaucoup que mon fils puisse intégrer un ITEP (Institut thérapeutique, éducatif et pédagogique). Il sera entouré et dans un cadre qui va lui permettre d’évoluer et de travailler notamment au niveau du comportement social."
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Une situation critique au niveau national
Le manque d’AESH est une problématique qui ne concerne pas seulement les Alpes-Maritimes. Dans toute la France, les parents d’élèves alertent depuis la rentrée sur le manque flagrant d’accompagnants. Ce déficit d’AESH a même obligé certaines municipalités à se substituer à l’État afin de faire face.
Rien que pour les Alpes-Maritimes, il manque actuellement 1000 AESH.
Gilles Jean, secrétaire départemental du SNUipp
Si le nouveau gouvernement de Michel Barnier a annoncé la suppression de 4 000 postes d’enseignants, il a parallèlement annoncé la création de 2000 postes d’AESH. "Rien que pour le département des Alpes-Maritimes, il manque actuellement 1000 AESH, nous précise Gilles Jean, secrétaire départemental du SNUipp. Donc si on met ça au niveau national, c’est comme si on essayait de vider la mer avec une petite cuillère."
Il évoque notamment la difficulté de pérenniser des AESH qui "sont payées 800 euros" pour des contrats de 24 heures et "cumulent souvent deux jobs". La position du secrétaire départemental est partagée par d'autres syndicats : "Il faut créer un vrai statut d’accompagnant" insiste-t-il, rappelant que la scolarité est obligatoire, y compris pour les enfants en situation de handicap.
« Le sentiment qui prédomine, c'est celui de solitude… L’administration n’a généralement pas de réponse. (…) Il n’y a pas de places dans les instituts médico-éducatifs, alors que c’est là que ces enfants devraient être pris en charge ».