En juillet 1946, le Français Louis Réard fait scandale avec un maillot de bain jugé impudique, le bikini: une exposition à Lyon présente des pièces mythiques et retrace l'histoire de cette icône de la mode, du premier en lamé or à celui d'Ursula Andress dans "James Bond".
"En bikini, elle fait l'effet d'une bombe", proclamait la première publicité pour "le plus petit maillot de bain du monde". Et la bombe était atomique: son créateur s'était inspiré pour le baptiser du nom d'un atoll des îles Marshall, théâtre des essais nucléaires américains.C'est une danseuse du Casino de Paris, Micheline Bernardini, qui portera le premier bikini de l'histoire, le 5 juillet 1946, pour l'élection de la plus jolie baigneuse, à la piscine Molitor, à Paris.
Sa vie, son oeuvre :
bikini
"On lit souvent qu'aucun mannequin n'avait osé le porter. C'est faux", expliquent à l'AFP Ghislaine Rayer et Patrice Gaulupeau, qui ont puisé pour l'exposition dans leur collection privée, riche de 5.000 pièces de lingerie et bain. "Réard faisait toujours appel à des vedettes ou des starlettes pour ses défilés".
Le créateur français n'hésitait pas non plus à travestir la vérité, avec des étiquettes bidons "made in USA" ou "Reard of California".... "Il avait tout compris du marketing et de la pub !", s'exclame le scénographe, Thierry Virvaire.
BB et Marilyn
Il faudra attendre les années 50 pour que le sulfureux bikini, interdit sur certaines plages, soit adopté par des stars de cinéma.Brigitte Bardot déclenche ainsi l'hystérie sur la plage du Carlton, lors du festival de Cannes 1953. Le public pourra admirer de sublimes photos de BB, Marilyn Monroe ou Ava Gardner en maillot de bain sexy.
On découvre également à Lyon un bikini Réard en lamé or et une copie du mythique deux-pièces porté par la sculpturale Ursula Andress en 1962 dans "James Bond contre Dr No". "Le vrai maillot du film a été vendu chez Christies 55.000 euros. Il avait d'ailleurs été fait à la va-vite par un petit tailleur indien", confie la collectionneuse.
Un maillot noir et blanc très graphique, oeuvre d'Oleg Cassini, le couturier de Jackie Kennedy, attire l'oeil. Sont aussi exposés plusieurs maillots vintage, prêtés par les deux collectionneurs pour le film "OSS 117".
L'autre 'événement' de 1968
En 1960, le bikini devient même le héros d'un tube mondial, "Itsy bitsy petit bikini". L'histoire d'une fille qui n'ose pas s'afficher en bikini.Mais c'est 1968 qui marque sa véritable démocratisation. Adopté par les jeunes, "il symbolise la rupture avec la génération précédente", relève Mme Rayer. Puis la plupart des femmes plébisciteront le deux-pièces pour bronzer le plus possible.
L'exposition est organisée par le salon Mode City qui se tient à Lyon, en collaboration avec les deux collectionneurs qui racontent aussi dans "Rétrospective du bikini", livre illustré d'archives inédites, les dessous de son histoire.
Aujourd'hui, le deux-pièces ne fait plus scandale et pèse 43% du marché du maillot de bain qui affiche un chiffre d'affaires global de 618 millions d'euros en 2015 (hommes, femmes de plus de 15 ans), en progression de 5% sur 2014, indique à l'AFP la directrice marketing d'Eurovet-Mode City, Cécile Vivier Guérin. Près de 15 millions de pièces se sont vendues en France, premier marché d'Europe.
"Le retour en force du une-pièce, vendu plus cher, a beaucoup dynamisé le secteur" avec 41% de parts de marché, en hausse de 25% sur 2014, souligne-t-elle. Le reste des ventes concerne les bas de maillot, prisés des jeunes amatrices de "mix and match" et plus souvent renouvelés que les hauts.
"La tendance 2016, c'est le une-pièce asymétrique avec une épaule totalement dégagée, une silhouette athlétique, du sport chic", explique Mme Vivier Guérin, pour qui 2017 "sera encore plus glamour, sexy, avec des laçages, des découpes, des décolletés et des imprimés extravagants. Et toujours des tissus techniques de plus en plus performants, galbants et résistants".
- Avec AFP -