À Menton, le projet de réhabilitation d'un quartier fait grincer quelques dents

Dans le Careï (secteur Jeanne d'Arc), la mairie souhaite construire 115 logements, dont la moitié de sociaux. Pour cela, il faut racheter et démolir 30 maisons et commerces. Quatre propriétaires s'y opposent farouchement.

Cela fait plus de trois décennies que René Piovano habite ici. Une maison avec un jardin, des arbres, des raisins et des citrons... Bref, un petit havre de paix haut en couleurs situé dans le quartier du Careï, à l'entrée de la ville, le long de la route qui descend de l'autoroute jusqu'aux Jardins Biovès de Menton (Alpes-Maritimes).

"Je ne suis pas loin de la ville, pas loin du supermarché", explique le Mentonnais. "C'est un lieu idéal pour moi !"

Problème, depuis plusieurs années, un projet de réhabilitation du quartier est en cours pour construire une centaine de logements. Si ce projet se réalise, le retraité devra partir et sa propriété sera détruite.

J'ai trouvé ça il y a 37 ans et je vais devoir aller habiter dans un 3-pièces avec le dédommagement qu'on me donne !

René Piovano, habitant de Menton

180.000€, c’est la somme que la mairie et l'établissement public foncier lui proposent pour racheter son habitation. "Ce qu'on me donne, c'est déplorable, je ne peux pas l'admettre !", s'exclame René Piovano. "Je veux bien admettre qu'ils aient besoin de foncier pour construire, mais il ne faut pas léser les gens."

"Les prix sont ceux fixés par les notaires. La mairie ne peut pas intervenir", répond Dominique Nicolaï, conseiller délégué à l'habitat à la mairie de Menton.

"J'ai une vie complète ici !"

La plupart des propriétaires concernés (une vingtaine) a accepté la transaction. Même si, à Menton, le prix de l'immobilier ne baisse pas. Un peu plus de 5.000€ le mètre-carré dans le quartier du Careï/Monti, un montant encore plus élevé quand on se rapproche de la vieille ville ou de la frontière italienne.

David Mocali est aussi concerné par une expropriation. Il est à la tête d'un atelier d'outillages et a reçu la même proposition d'indemnisation pour quitter les lieux.

C'est une misère ! 180.000€ pour les mures, mon fonds de commerce, mon studio... On n'est pas dans la Creuse, ici !

David Mocali, artisan mentonnais

David Mocali craint de ne pas pouvoir retrouver un local avec une telle somme. "Je perds mont travail, ma retraité, la donation pour mes enfants, je perds tout ! J'ai une vie complète ici !"

C'est normal que ces personnes soient choquées par ce qu'il se passe et qu'ils aient besoin d'aide. La mairie jouera son rôle et les accompagnera.

Dominique Nicolaï, conseiller délégué à l'habitat

Car pas question, pour la mairie, de revenir en arrière. "Aujourd'hui, on n'a pas le choix, on doit s'inscrire dans la modernité, Menton doit évoluer", précise Dominique Nicolaï.

Un projet "familial" avec commerces et stationnement

Il faut dire que ce projet de réhabilitation dure depuis plusieurs années : une réunion publique avait été organisée à la fin de l'année 2018. Au total, la mairie envisage de construire ici 115 nouveaux logements, dont la moitié seront des logements sociaux.

Le Maire ne veut pas de grandes bâtisses R+7 ou R+8. Il veut quelque chose de familial : du R+3 et R+4, avec un respect de la pierre mentonnaise.

Dominique Nicolaï, conseiller délégué à l'habitat

900m² de commerces et 160 places de parking sont également prévus. Les discussions de rachat sont toujours en cours avec les quatre propriétaires qui s'opposent au projet. Ils ont engagé un avocat. Sur Internet, une pétition a récolté plus de 300 signatures.

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