À Tende, la tempête Alex a endommagé ce qu'il restait de la "ligne Maginot italienne"

C'est l'un des derniers ouvrages militaires construits par les Italiens dans les années 1930. Transformé en musée par des passionnés depuis 2016, le "Vallo Alpino" a payé un lourd tribut avec la tempête Alex. Ses bénévoles tentent aujourd'hui de restaurer ce qui peut l'être.

Quand on emprunte la route qui monte jusqu'au tunnel du Col de Tende, il est là, sur la droite, en un seul morceau, mais comme déraciné. 

Cet ouvrage militaire italien de la Seconde guerre mondiale (Tende était alors une commune italienne) a "glissé de cinq bons mètres" pendant la tempête Alex, explique Fabrice Louis, trésorier de l'ASVAL-Associazione per lo studio del Vallo Alpino, l'association qui gère le site transformé en musée.

Avant, il était un tout petit peu plus haut, accroché au talus, sur plusieurs mètres de terre au-dessus de la rivière.

Fabrice Louis

L'édifice est l'un des quatre présents dans le hameau de Vievola (sur la commune de Tende dans les Alpes-Maritimes) et que l'on pouvait visiter avant octobre 2020.

Le Musée Vallo Alpino inondé

Fabrice Louis est arrivé sur place le mardi qui a suivi la tempête. Soit trois jours après les intempéries.

J’étais prêt sans être prêt. On pensait avoir des dégâts à l’extérieur mais pas à l’intérieur du musée. Je pensais que le Vallo alpino c’était fini, et puis on se ressaisit.

Fabrice Louis

À l'intérieur des 200m² du musée, l'eau s'est infiltrée jusqu'à "60-70 cm" de hauteur. "Tout était en train de pourrir car il n'y avait plus d’électricité, et donc plus de système de déshumidification", se souvient Fabrice Louis.

Avec d'autres bénévoles, ils tentent de sauver le maximum d'objets et de les faire sécher. Uniformes, écusson, fourchette, morceaux d'armes... la plupart des objets présents a pu être récupérée, sauf quelques documents (livrets techniques ou d'instruction) et des journaux d'époque. Ils ont depuis été déménagés chez des particuliers-collectionneurs italiens qui vont les restaurer chez eux.

Une semaine après le passage de la tempète Alex, l'électricité revient, permettant de remettre en route les déshumidificateurs encore fonctionnels. Les lieux sont nettoyés, la moisissure, traitée. Ne reste plus qu'à repeindre les murs.

"Seul ouvrage italien équipé comme en 1939"

Ce musée est "la seule et unique représentation du vallo alpino ('mur alpin', en français), la 'ligne Maginot italienne'", poursuit Fabrice Louis. Avant l'ouverture à l'été 2016, il a fallu plusieurs mois pour restaurer les lieux. "L'ouvrage était totalement vide, il n'y avait que les murs", se souvient le trésorier de l'ASVAL.

On a refait l'installation électrique pour recréer la lumière de l'époque, ainsi qu'un système de ventilation. On a réinstallé des portes blindées et divers équipements : lits, tables, canons… C'est le seul ouvrage équipé comme en 1939 avec ses chambrées, ses blocs de tirs.

Fabrice Louis

Au total, un dizaine de bénévoles de l'ASVAL animait ce musée pour accueillir environ un millier de visiteurs chaque année. Au moment de son ouverture en août 2016, nous avions réalisé un reportage sur ce musée :

Une date de réouverture inconnue

Le problème, aujourd'hui, c'est de continuer les travaux et de faire perdurer le musée. Mais entre les divers confinements et couvre-feux de part et d'autres de la frontière et les horaires des convois, "c'est compliqué" pour ces bénévoles qui viennent souvent d'Italie. 

"La peinture des murs, ça nous prendrait une semaine à 5 personnes. Mais l'hôtel à Vievola est fermé, alors partir à 5h prendre le convoi, ne travailler qu'une journée pour être redescendu à 20h..."

La restauration et l'entretien des lieux et des collections se faisant par des bénévoles, difficile de donner un montant des dégâts. Sans doute "des dizaines de milliers d'euros si on avait eu recours à des professionnels".

Une chose est sure : quelle que soit l'évolution sanitaire et l'accessibilité de la Vallée de la Roya, le musée ne rouvrira pas cette année.

"La saison 2021, on a fait une croix dessus", assure Fabrice Louis. "Les visites représentent 75% de nos recettes. Aujourd'hui, il nous reste une année de trésorerie" permettant de maintenir l'électricité et les déshumidificateurs.

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