Après 38 heures de garde à vue, le maire de Menton est sorti des locaux de la caserne Auvare de Nice. À ce stade, aucune poursuite n'a été engagée contre lui selon son avocat. L'enquête concerne l'affaire dite "des ports de Menton", autour de notes de frais avoisinant les 700 000 euros. D'autres gardes à vue sont toujours en cours.
Mercredi 3 juillet à 21 heures, la garde à vue du maire de Menton a donc été levée.
À l'issue de ces 38 heures (dont une nuit) passées au sein de la caserne Auvare à Nice, Yves Juhel a pu rentrer chez lui comme nous l'a confirmé son avocat, Maître Philippe Soussi :
La garde à vue a été levée, sans qu'à ce stade aucune poursuite n'ait été initiée contre lui".
Philippe Soussi avocat de Yves Juhel, maire de Menton.À France 3 Côte d'Azur.
Et d'ajouter : "Je n'aborderais pas le fond de cette affaire par respect du secret d'enquête, mais je peux dire que Monsieur le maire est satisfait d'avoir pu s'expliquer et répondre aux questions, parfaitement légitimes, des enquêteurs. Je peux dire, également, que tout dans cette affaire me laisse penser que nous sommes en présence d'un lamentable règlement de compte politique".
Si Yves Juhel ne s'est pas pour l'heure exprimé publiquement, il a cependant adressé quelques heures après sa sortie de garde à vue un message aux agents municipaux. Il y affirme en effet :
J’avais dès le départ souhaité être entendu dans cette affaire et suis très heureux d’avoir pu m’expliquer sur un certain nombre de points de l’enquête en cours, qui s’est déroulée dans un climat serein et de grande qualité. Je suis de retour aux affaires pour poursuivre le changement entamé ensemble, pour accompagner et décider des projets futurs de notre ville de Menton et de notre Communauté d’Agglomération, ainsi que de l’Office de Tourisme et du CCAS.
Yves Juhel, message aux agents municipauxce jeudi 4 juillet
14 personnes en garde à vue
Yves Juhel a été placé en garde à vue mardi 2 juillet au matin, son domicile perquisitionné.
L'information a été confirmée par le parquet de Marseille en charge du dossier des "ports de Menton" au titre de la JIRS économique et financière : "une opération d’interpellations et de perquisitions a été conduite (...) dans les Alpes-Maritimes et en Corse par les services de la SIPJ 13 et des SIPJ de Haute-Corse et Corse du Sud en appui."
14 personnes ont été placées en garde à vue dans le cadre de cette enquête préliminaire, certaines sont, ce jeudi matin, toujours en cours.
Parmi les gardés à vue, figure également l'"ancien dirigeant de la SPL", précise le parquet de Marseille.
L’enquête porte sur des suspicions de détournements de fonds à hauteur de 700.000 EUR qui auraient été commis dans le cadre de la gestion de la Société Publique Locale (SPL) ports de Menton et vise des faits de détournement de fonds publics et recel, blanchiment en bande organisée et faux et usage de faux.
Parquet de Marseilledans un communiqué
À l’origine de l'affaire, un audit mettait directement en cause Mathieu Messina, l'ancien PDG de la Société publique locale, ex-adjoint aux finances du maire Yves Juhel, et également ancien directeur de campagne du candidat Juhel. Mathieu Messina s'est depuis installé en Corse. Au moment des premières révélations et accusations le concernant, Yves Juhel avait alors parlé de "trahison".
"Le maire de Menton doit démissionner"
Avant même la fin de la garde à vue du maire, ses anciens amis, devenus ses opposants, prenaient la parole. C'est le cas de Stéphanie Jacquot. L'ancienne deuxième adjointe d'Yves Juhel, écartée en septembre 2023 après avoir demandé des éclaircissements sur le dossier du port, est aujourd'hui conseillère municipale d'opposition. Dès mercredi, elle appelait le maire à la démission.
Le maire de Menton, au vu de l'image déplorable donnée en pleine saison estivale, doit quitter ses fonctions.
Stéphanie Jacquot, conseillère municipale, ancienne adjointe d'Yves JuhelÀ France 3 Côte d'Azur
L'élue (désormais) d'opposition a sollicité le préfet des Alpes-Maritimes "pour qu'il mette en place une commission spéciale de "sages" qui, jusqu'en 2026, pourraient gérer les affaires de Menton et son développement économique."
Si le maire souhaite prendre du temps avant de s'exprimer publiquement sur cette affaire, sa communication aux agents laisse déjà comprendre qu'il n'a pas l'intention de donner satisfaction à son opposante.