La frontière entre les Alpes-Maritimes et l’Italie est à nouveau l’objet de toutes les préoccupations après l’attentat de Nice du 29 octobre dernier qui a fait 3 victimes.
L’itinéraire de Brahim A. l’auteur de l’attaque mortelle dans la basilique Notre-Dame, en plein cœur de Nice, relance la question des contrôles aux frontières. Selon les premiers éléments de l’enquête, ce Tunisien âgé de 21 ans serait arrivé en Europe par l’île de Lampedusa le 20 septembre. Mercredi dernier, veille de l’attentat, il appelle sa famille pour signaler qu’« il est arrivé en France » raconte son frère Yassine.
Le maire Les Républicains de Nice, Christian Estrosi, estime que sa ville a été touchée "à cause de sa proximité avec la frontière". Il s'est réjoui du doublement des forces de contrôle aux frontières du pays annoncé ce jeudi, par le président Emmanuel Macron, mais réclame la suspension des accords Schengen, qui permettent de voyager sans contrôle aux frontières dans 26 pays européens. Le chef de l'Etat a annoncé vouloir changer "en profondeur" les règles.Nice n’a pas été touchée parce que c’était Nice, mais à cause de sa proximité avec la frontière
Entré en vigueur en 1995, cet espace permet la libre circulation dans 22 pays de l'Union européenne plus l'Islande, la Suisse, la Norvège et le Liechstenstein. Le 13 novembre 2015, année marquée par plusieurs attentats meurtriers, la France avait rétabli les contrôles.
Le 31 juillet dernier, le ministre français de l’Intérieur a annoncé, après s'être entretenu avec son homologue italienne, Luciana Lamorgese, la mise en place d’une brigade franco-italienne à la frontière entre les deux pays. La brigade mixte réunira pour la première fois des agents italiens et français sous commandement unique.
Les "invisibles"
À Menton, les migrants n’ont jamais cessé de tenter de passer la frontière pour entrer sur le territoire français. Le contrôle de tous les véhicules est difficile voire impossible au vu du nombre de camions, de travailleurs frontaliers, et de voyageurs en dehors des périodes de confinement. Début juin, quand l'Italie avait rouvert sa frontière mais la France maintenu de stricts contrôles sanitaires contre le coronavirus, un embouteillage avait rapidement engorgé le poste-frontière de Menton. Les interpellations ne sont pas réalisées à la frontière proprement dite, mais plutôt dans la gare de Menton Garavan à quelques kilomètres de là, ainsi qu'à Nice et sur l'autoroute A8.Selon des données de la préfecture qui ne sont pas très récentes, l’AFP a estimé à près de 200.000 le nombre d'interpellations en 5 ans. A ce jour, la préfecture a refusé de communiquer les derniers chiffres en sa possession. Ces migrants sont renvoyés en Italie, par dizaines voire parfois par centaines, et souvent sur un mode expéditif que la justice administrative française a plusieurs fois condamné.
Mireille Damiano intervient régulièrement pour faire respecter le droit à la frontière. Elle estime que "le fait de ne pas mettre en place les procédures qu'on doit mettre en place" pour l'accueil des migrants, le traitement de leurs demandes d'asile, ou le fait "d'examiner à l'emporte-pièce les dossiers, fabrique des invisibles".On ne peut pas qualifier de laxiste ce qui se passe à la frontière.
Les passeurs devant les tribunaux
Jugés en comparution immédiate, les passeurs sont pour la plupart condamnés, avec confiscation du véhicule, de l'argent et du ou des téléphones, selon les données consultées par l'AFP au greffe du tribunal de Nice. Les peines vont de la prison avec sursis jusqu'à plusqieurs années de prison ferme. Dans dans une affaire hors norme récente, deux Afghans et un Tunisien convoyaient jusqu'à 100 migrants par nuit, ils ont été condamnés à 5 ans de prison ferme."Il y a généralement deux profils de passeurs", décrit Me Hubert Patrice Zouatchan, avocat dans certains dossiers: "Les occasionnels qui viennent récupérer un cousin, une tante, un jeune, sous la pression de la famille, et des filières organisées qui font passer les gens dans des conditions parfois inhumaines".
Vintimille, l'ultime arrêt
A la frontière, l’activité de la police et le nombre d'interpellations dépendent essentiellement de la situation dans les pays d’où arrivent les migrants : la guerre, la violence, la crise économique. Actuellement,à Vintimille, les principaux arrivants sont des Afghans, des Syriens et des Kurdes. Il y a également également quelques Libyens, des Pakistanais et des Soudanais, selon la mairie et l'ONG Caritas.Maître Hubert Patrice Zouatcham estime que la fermeture de la frontière ne résout rien, le problème est ailleurs et la France, plus qu'on ne le pense, peut mettre la pression sur ces pays pour améliorer les conditions de vie".
Le maire de vintimille, Gaetano Scullino, recense "une moyenne de 35 à 70 arrivées tous les soirs à la gare", parfois avec femme et enfants qui "sortent de la gare sans avoir où ils sont, les malheureux". Ce samedi suite à des incidents qui ont éclaté dans le centre ville, il déclarait à nos confrères italiens de riviera24 " «les gens se sont mis à crier, pas seulement parce qu'ils ont peur, mais parce qu'ils sont fatigués, ils ne supportent plus cette tension créée par la présence des migrants".A la fin, il arrive un fou et il se passe ce qui se passe en France et en Autriche.
Le maire de la dernière ville italienne avant la frontière est très affecté par l'incapacité de l'Europe à gérer cette situation. Ce jour, il déclare sur riviera24 : l’Europe doit intervenir: ou fermer les frontières et ne plus faire venir personnes, ou alors avec accord général pour l'accueil dans tous les états d'Europede ceux qyu sont arrivés jusque là".Nous ne pouvons plus être les seuls à subir les conséquences