Un nouveau bâtiment a été acheté dans la commune pour pouvoir faire de la transformation et de la vente directe. Une fois remis aux normes, les "compagnons" y déménageront.
La vente a été finalisée mardi dernier : le bâtiment de 500m² et son terrain situés à côté du camping municipal de Breil sur Roya (Alpes-Maritimes) ont été achetés à une ancienne famille de la commune.
Sur place, il y aura aussi une "tuerie" (un abattoir pour des poulets de chair), une "micro-ferme" ouverte au public et un lieu de vente directe.Ce bâtiment sera composé d'un local agricole en rez-de-jardin, d'une cuisine et d'une salle associative en rez-de-chaussée et, au-dessus, de deux étages d'hébergement - Cédric Herrou
Dans les faits, c'est un fonds de dotation qui a fait l'achat ; la communauté Emmaüs Roya en sera locataire.
Financement participatif
"Cela nous permettra de faire de la transformation", poursuit l'agriculteur maralpin. "Notre objectif est d'être autonomes financièrement et autosuffisants d'ici trois ans."Mais avant cela, il faudra effectuer 250.000 euros de travaux pour remettre aux normes le lieu. Près de 30.000 euros ont déjà été récoltés grâce à une campagne de financement participatif.
Une fois ces travaux terminés, la communauté déménagera et s'y agrandira. Le bâtiment pourra accueillir jusqu'à 10 "compagnons", dont une famille.
Les maires divisés
La nouvelle de cette extension inquiète Sébastien Olharan, le futur maire de Breil sur Roya pas encore installé.Si c'est uniquement pour intégrer ceux qui sont déjà là, je n'ai pas d'opposition de principe. Mais si ça contribue à ramener encore la Vallée de la Roya à cette question des migrants dont nous étions un peu sortis, je ne vois pas ça d'un bon oeil. Je ne veux pas que la Vallée de la Roya redevienne la vallée des migrants - Sébastien Olharan
De son côté, André Ipert, le maire sortant, met en avant l'"intérêt général" et la "réinsertion" des membres de la communauté.
Cédric Herrou, connu pour son soutien envers les personnes migrantes, a fondé cette communauté Emmaüs en juillet 2019 sur son exploitation. Objectif : réintégrer ses membres par le travail agricole.J'y suis favorable car c'est un moyen de réinsérer des migrants et des personnes en déshérence totale à travers l'agriculture - André Ipert
Elle accueille aujourd'hui cinq personnes (en grande précarité ou demandeurs d'asile) qui cultivent un demi-hectare de maraîchage et s'occupent de poules pondeuses et d'oliviers. Pour ce travail, elles "touchent une allocation de 350 euros par mois", déclarait l'été dernier l'agriculteur à nos confrères de France Bleu Azur.