Ce mardi 7 mars, des étudiants de Science Po ont tenu à apporter leur soutien à la mobilisation interprofessionnelle contre la réforme des retraites. Dénonçant dans le même temps une précarité étudiante toujours plus grande, ils étaient plusieurs dizaines à bloquer l'accès de leur campus de Menton.
"Travailleurs et étudiants, même combat !". Et tous étaient mobilisés contre la réforme des retraites ce mardi 7 mars. Les premiers, dans la rue, où pas moins de 30.000 personnes ont défilé à Nice, selon les syndicats. Les seconds, devant leur campus de Menton, dont ils avaient bloqué l'accès dès 7h pour l'occasion.
"C'est la première fois de toute l'histoire de ce campus qu'on mène une telle action" clame Ilyes, représentant de l'UNEF. Comme la trentaine d'étudiants présents en ce mardi ensoleillé, le jeune homme de 19 ans est en première année à Sciences Po Paris. C'est pourtant à Menton qu'il étudie, sur ce site délocalisé et dédié à la région du Moyen-Orient.
Pas de Crous à Menton
Et c'est bien là tout le problème. "Menton n'est pas du tout une ville adaptée pour les étudiants", désespère Virgile, "les loyers sont très élevés, le coût de la vie aussi". "En ce moment, c'est très compliqué pour beaucoup d'entre nous, certains doivent travailler à côté de leurs études" poursuit le représentant du syndicat Solidaires Etudiant-e-s.
De plus, les étudiants déplorent de ne pas avoir de Crous. Cette structure leur permettrait de bénéficier de logements avec des loyers abordables, ainsi que d'un restaurant universitaire. "A Menton, il y a Sciences Po, il y a un IUT et il y a une école d'infirmier...Mais il n'y a pas de Crous ?!", s'indigne Rémy. "On nous a bien proposé un resto U, mais avec des repas à 6€. Quel étudiant peut dépenser chaque jour 6€ pour ses repas ?" s'interroge-t-il.
Soutien aux grévistes et manifestants
Alors pour une fois, ils ont sorti les banderoles et surtout, déplacé des poubelles pour bloquer l'entrée du campus. "On veut aussi montrer qu'on sait se mobiliser et qu'on soutient le mouvement social" explique Camille. La jeune femme reconnaît volontairement que "faire Sciences Po ouvre les portes à une carrière sans critères de pénibilité", mais elle dit "s'engager par solidarité pour ceux qui n'ont pas cette chance".
Sur place, l'ambiance est musicale et bon enfant. Un professeur escalade la barricade de fortune sous les regards amusés de ses étudiants. Beaucoup d'entre eux ne parlent pas français. "65% des personnes sur ce site sont des internationaux" précise Rémy. L'année prochaine, les frais de scolarité vont augmenter d'au moins 7,5%, et ceux qui viennent d'un pays hors de l'Union européenne vont voir le coût d'une année de formation passer de 13.000€ à 14.210€. Ilyes est perplexe : "soi-disant, c'est dû à l'inflation..."