Fabrice Leggeri, qui a dirigé l'agence européenne de surveillance des frontières (Frontex), a annoncé, samedi 18 février, son ralliement au Rassemblement National, en vue des élections européennes. Ce lundi 19 février, il s'est rendu, aux côtés de Jordan Bardella, à la frontière franco-italienne pour évoquer notamment l'immigration.
Jordan Bardella, tête de liste du RN pour les élections européennes, et Fabrice Leggeri, ex-directeur de Frontex, se sont déplacés ce lundi 19 février dans les Alpes-Maritimes, terres d'Eric Ciotti, pour parler de l'immigration.
Dans la matinée, ils ont visité la caserne de la CRS 6 à Saint-Laurent-du-Var.
Lors de cette visite, Fabrice Leggeri a tenu a rappelé sa décision de rallier le Rassemblement national pour les européennes. "Je suis aujourd’hui avec Jordan Bardella et le Rassemblement national. Je suis partisan d’une réponse ferme par rapport aux problématiques du XXIᵉ siècle comme le contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne", explique-t-il.
"En tout cas, je ne souhaitais pas être sur la liste de Madame Van Der Leyen, la présidente de la Commission européenne, qui est en fait l’Europe de Macron, l’Europe qui m’a empêché de faire mon travail à la tête de Frontex".
"Combattre la submersion migratoire"
En effet, Fabrice Leggeri, ancien directeur de l'agence européenne de surveillance des frontières (Frontex), a annoncé dans un entretien publié dans le JDD, ce 17 février, qu'il rejoignait le Rassemblement National pour les élections européennes en juin. Il figurera à la troisième place de la liste du parti frontiste.
"Le RN possède un plan concret et la capacité de le réaliser. Nous sommes déterminés à combattre la submersion migratoire, que la Commission européenne et les eurocrates ne considèrent pas comme un problème, mais plutôt comme un projet : je peux en témoigner", a déclaré Fabrice Leggeri au Journal du Dimanche.
Ce haut fonctionnaire français de 55 ans, énarque et normalien, a occupé de 2015 à 2022 la direction de Frontex, avant d'en démissionner à la suite d'une enquête disciplinaire. Il était un directeur contesté de Frontex, régulièrement accusé par les ONG de tolérer des refoulements illégaux de migrants et s'était imposé comme un défenseur de l'imperméabilité des frontières européennes.
"Mon objectif est de mettre mon expérience et mon expertise au service des Français. Ayant dirigé Frontex près de sept ans et travaillé pour l'État pendant environ trente ans, notamment dans les domaines de la sécurité et de la gestion de l'immigration, cette décision est très cohérente", a-t-il déclaré au JDD. "Les élections européennes du 9 juin représentent une opportunité unique de remettre la France et l'Europe sur le droit chemin", a-t-il ajouté.
Une visite au poste frontière
C'est donc en toute logique que Fabrice Leggeri et Jordan Bardella se sont rendus en début d'après-midi, ce lundi 19 février, au poste frontière de la ville de Menton.
Le droit européen interdit à la France de lutter contre l'immigration clandestine à ses frontières et de protéger les Français.
— Jordan Bardella (@J_Bardella) February 18, 2024
Avec @FabriceLeggeri, nous serons demain à Menton, à la frontière franco-italienne, pour interpeller le ministre de l'Intérieur et le sommer d'agir. pic.twitter.com/evOjyoYF5U
Ils ont été accueillis par Cédric Herrou. A quelques centaines de mètres des visiteurs, le militant du droit des migrants était venu protester contre leur venue dans les Alpes-Maritimes.
Il a qualifié Fabrice Leggeri d'"assassin" alors qu'il était régulièrement accusé par les ONG de tolérer des refoulements illégaux de migrants lorsqu'il dirigeait Frontex. Le militant a aussi crié :"Opportuniste, va travailler si tu cherches du travail !"
"Il en répondra devant une cour de justice : il va y avoir un dépôt de plainte, bien sûr", a prévenu M. Bardella, en désignant le militant comme un "multi-condamné en première instance", bien que Cédric Herrou ait été définitivement relaxé par la justice.
L'AFP rapport, qu'en privé M. Leggeri s'est voulu moins véhément. "Je dis qu'il n'y a pas lieu", a-t-il répondu, interrogé sur les attaques de C. Herrou. "Avec les moyens de Frontex, à chaque fois qu'il y a eu besoin de faire du secours en mer, on l'a fait", a-t-il assuré.
Cédric Herrou est connu du grand public, notamment parce qu'il a été arrêté plusieurs fois pour avoir aidé une centaine de migrants au passage de la frontière franco-italienne. Il est co-responsable de la communauté agricole Emmaüs, dans la vallée de La Roya.