"Devoir justifier le simple fait de sauver des vies en mer n'a aucun sens" : le navire de SOS Méditerranée à nouveau immobilisé en Italie

L'Ocean Viking, le navire de l'association SOS Méditerranée, est retenu par les autorités italiennes, à la suite du sauvetage de 261 personnes dans les eaux internationale au large de la Libye.

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Ce vendredi 9 février, l'association SOS Méditerranée a reçu un ordre de détention administrative de la part des autorités italiennes, en vertu de la loi "Piantedosi", entrée en vigueur en janvier 2023. L'Ocean Viking, le navire opéré par SOS Méditerranée et le FICR (Fédération Internationale des Sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge) est à nouveau immobilisé vingt jours et condamné à une amende de 3333€.

C'est la troisième détention en trois mois pour le navire de sauvetage qui intervient en Méditerranée centrale. Selon l'association, elle serait due à des déclarations mensongères des navires libyens "qui renvoient quotidiennement des personnes dans un cycle de violation des droits humains en Libye".

261 personnes secourues en un jour

Les accusations portent sur plusieurs sauvetages effectués le mardi 6 février. "Les quatre embarcations secourues par l’Ocean Viking n'étaient pas en état de naviguer, insiste SOS Méditerranée dans un communiqué. Elles étaient surchargées, exposées aux éléments, aucun des naufragés n'avait de gilet de sauvetage et il y a eu des facteurs aggravants de tension et de danger au cours de chaque opération."

En tout, lors de cette journée, 261 personnes ont été secourues par les équipes de l'association basée à Marseille. "La première embarcation en détresse avec 110 personnes était sur le point de se disloquer. La seconde avait du carburant qui se répandait sur tout le pont, intoxiquant les rescapés et une personne a été retrouvée inconsciente. La troisième prenait l'eau et gîtait gravement. Enfin, la dernière était en situation de panique, en raison de la présence de patrouilleurs libyens. Les naufragés à son bord demandaient désespérément à être secourus par l’Ocean Viking et leur embarcation s'approchait dangereusement de notre navire, au risque de chavirer à tout moment", relate le communiqué.

C'est sur l'intervention sur cette dernière embarcation que la tension monte avec les autorités libyennes, qui avaient dans un premier temps donné leur feu vert, avec les autorités italiennes, en faveur d'un sauvetage : "Alors que l'Ocean Viking s'apprêtait à porter assistance à l'une des dernières embarcations en détresse, les bateaux libyens présents sur les lieux ont changé d'avis et ont demandé à notre navire ambulance de quitter les lieux. Connaissant le comportement imprévisible et dangereux des patrouilleurs libyens qui ont déjà fait feu vers l'Ocean Viking et sur des bateaux en détresse à plusieurs reprises l'année dernière, et craignant un nouvel incident de sécurité, notre navire a suivi les instructions et a commencé à quitter la zone. La panique a alors éclaté sur l'une des embarcations en détresse. Les personnes ont commencé à crier et à risquer leur vie pour atteindre l'Ocean Viking et l'empêcher de partir.  Le pilote de cette embarcation a menacé les naufragés, leur demandant de sauter par-dessus bord pour être secourus. Comme la situation se détériorait de seconde en seconde, l’Ocean Viking a dû mettre ses canots de sauvetage rapides à l'eau pour porter secours aux naufragés. À la fin du sauvetage, le pilote de l’embarcation a quitté les lieux en direction du sud."

Les autorités libyennes mises en cause par l'association

Dans son communiqué, Ocean Viking dénonce des "violations répétées et graves des conventions maritimes et des droits humains par des navires de patrouille libyens financés par l'Union Européenne (UE)."

"Devoir justifier le simple fait de sauver des vies en mer n'a aucun sens, ni moral, ni juridique. L'Ocean Viking a secouru 261 vies qui étaient en très grand danger de mort imminente.  Les patrouilleurs libyens ramènent les naufragés de force en Libye, ce qui est contraire à l'obligation légale de les débarquer dans un lieu sûr.  Pourtant, non seulement ils sèment le chaos sur la route maritime la plus meurtrière au monde, mais ils sont en plus écoutés et soutenus par les institutions européennes, alors que ceux qui respectent le devoir de sauvetage en mer sont détenus", dénonce Soazic Dupuy, directrice des opérations de SOS Méditerranée.

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