L'ONG SOS Méditerranée, basée à Marseille, déplore l'immobilisation de l'Ocean Viking dans le port de Bari, au sud de l'Italie. Les autorités lui reprochent un changement de cap
Le navire humanitaire ne peut plus porter secours aux migrants en détresse au milieu de la méditerranée. Après une immobilisation de 20 jours au mois de novembre, les autorités italiennes ont à nouveau assigné l'Ocean Viking au Port de Bari, au sud du pays.
⚡️COMMUNIQUÉ⚡️ Détention de l'Ocean Viking
— SOS MEDITERRANEE France (@SOSMedFrance) December 31, 2023
L'#OceanViking est détenu en vertu du "décret-loi Piantedosi" pour la deuxième fois en deux mois, punissant ainsi les équipes de sauvetage humanitaires pour avoir effectué le travail de secours que les États européens ne font pas en… pic.twitter.com/hpSrr8exJg
Les autorités reprochent à l'équipage d'avoir dévié temporairement de sa trajectoire, après avoir porté secours à 244 migrants au large de la Libye. L'Ocean Viking faisait route vers Bari quand il reçoit un appel au secours provenant d'une embarcation de fortune. A son bord, "au moins 70 personnes", précise SOS Méditerranée dans un communiqué.
L'équipage décide alors de dévier sa route pour porter assistance. Un peu plus tard, un relevé de la position du bateau en détresse indique qu'il se situe "hors de portée" de l'Ocean Viking. L'équipage reprend donc sa trajectoire initiale et débarque comme prévu à Bari.
En agissant ainsi, les autorités italiennes ont considéré que l'Ocean Viking a contrevenu au "décret Piantedosi", du nom du ministre de l'Intérieur de Georgia Meloni, la première ministre d'extrême droite. En vigueur depuis un an, il impose aux navires de rejoindre sans délai le port assigné après une opération de sauvetage.
"Nous sommes coupables"
Cette règle est dénoncée par le Conseil de l'Europe, car elle oblige les équipages à ignorer d'autres appels au secours de naufragés sur leur trajet. Ceci au mépris des règles internationales, qui imposent aux capitaines de navires de venir en aide aux personnes en détresse en mer.
" Si le respect du droit maritime international est un crime, alors oui, nous sommes coupables ", assume Anita, coordinatrice des opérations de recherche et de sauvetage à bord de l'Ocean Viking. " Nous n'avions tout simplement pas d'autre choix légal et moral que de répondre à cette alerte. Toute autre décision aurait constitué une violation du droit international. Pourtant, nous payons le prix fort, une seconde détention en deux mois, pour cette déviation mineure lors du trajet de près de trois jours vers le port assigné de Bari, qui n'a pourtant entraîné aucun retard à notre arrivée. »
L'ONG SOS méditerranée indique avoir porté assistance à un millier de personnes depuis Noël. Pendant 20 jours, l'Ocean Viking sera empêché d'assurer sa mission.