En Italie, l'IVG est légale mais pas toujours accessible

Le 8 mars 2024, la France inscrivait l'IVG dans sa Constitution. Un symbole fort sur un sujet qui fait débat à travers le monde, y compris chez nos voisins italiens où les médecins peuvent faire jouer leur clause de conscience.

Les démocrates aux États-Unis, Joe Biden en tête, ont exhorté ce mardi 2 avril leurs électeurs à se mobiliser pour le droit à l'avortement, au lendemain d'une décision de justice en Floride avalisant l'interdiction de l'IVG au-delà de six semaines de grossesse. Le sujet divise encore aux quatre coins de la planète. Qu'en est-il chez nos voisins en Italie ? 

Pour la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars dernier, les Italiennes ont défilé dans les rues de Rome. Elles exigeaient la fin du patriarcat et souhaitaient rendre hommage à la France après l'inscription du droit à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution. 

Sur leurs pancartes, un chiffre revient : 63%. C'est le pourcentage de gynécologues italiens qui refusent l'IVG. À l'hôpital public d'Imperia en Ligurie, à une heure de la frontière avec la France, la moitié des médecins du service gynécologie-obstétrique se revendiquent "objecteurs de conscience".    

L'objection de conscience se définit par "le refus d'accomplir certains actes requis par une autorité lorsqu'ils sont jugés en contradiction avec des convictions intimes de nature religieuse, philosophique, politique, idéologique ou sentimentale".

Concrètement, ces obstétriciens ne pratiquent pas l'IVG. 

Un parcours difficile

Dès lors, avorter peut devenir un parcours du combattant pour les Italiennes. "Imaginez une jeune femme avec un emploi précaire. Elle est enceinte. Elle doit commencer par appeler pour se procurer un certificat médical qu'on peut lui refuser. Si elle l'obtient, elle doit attendre 7 jours et enfin trouver un hôpital, qui va lui dire qu'il ne pratique pas l'IVG...", décrit Silvana Agatone, présidente de la ligue pour l'avortement à l'hôpital (LAIGA).

En Ligurie, entre 45% et 100% des praticiens des hôpitaux d'Imperia, Pietra Ligure, Savone, Gênes, Lavagna et la Spezia n'acceptent pas de recourir à l'interruption volontaire de grossesse. Le sujet clive la population italienne : "en Italie, on est très arriéré sur la question. Cela divise tout le monde, on est assez loin de ce qu'il se passe en France", analyse une jeune italienne.

Moi, je suis contre l'avortement. En 2024, je pense qu'on peut prendre des précautions et éviter de tomber enceinte

défend une Italienne.

De l'autre côté des Alpes, la loi relative à l'IVG autorise les médecins à user de la clause de conscience pour la refuser.

La présidente du parti d'extrême droite "Fratelli d'Italia" Giorgia Meloni, devenue présidente du conseil des ministres le 22 octobre 2022, avait suscité la polémique quant à ses positions controversées sur l'IVG.

Avant son arrivée à la tête du gouvernement italien, Giorgia Meloni avait régulièrement été interrogée sur son rapport à la loi 194, qui autorise depuis 1978 l'IVG en Italie. "Je ne veux pas abolir la loi 194. Je ne veux pas modifier la loi 194. C'est compris ? Je ne veux pas l'effacer. Dans quelle langue dois-je le dire ?", avait-elle assené. De fait, l’actuelle majorité n’a pas touché à cette loi.

Mais à la question "l’avortement est-il une liberté des femmes ?", l'actuelle ministre de la famille, de la natalité et de l’égalité des chances Eugenia Roccella avait répondu en janvier 2023 à la télévision italienne : "malheureusement, oui. Ce n'est pas une belle chose. Je le pensais, même quand je me battais pour qu'il y ait une loi." 

Ajoutant, selon Franceinfo, que cela devait être une dernière solution pour celles qui ne veulent pas d’une maternité.

> Les chiffres 2023 des IVG dans le monde.

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