Dimanche contre Nantes, le joueur de l'AS Monaco Mohamed Camara a masqué le logo contre l'homophobie floqué sur son maillot. Une attitude qui a fait polémique. La ministre des sports a réclamé des sanctions. Le directeur général du club a indiqué avoir présenté des excuses à la Ligue.
"En tant qu'organisation, nous soutenons l'action de la Ligue", a déclaré Thiago Scuro, directeur général de l'AS Monaco, lors d'une table ronde avec différents médias choisis et à laquelle France 3 Côte d'Azur n'a pas été conviée.
Une prise de parole, habituelle en cette fin de saison, mais qui intervient moins de 48h après la polémique suscité par l'un des joueurs de l'équipe monégasque, Mohamed Camara.
"Raisons religieuses"
Lors de la rencontre Monaco-Nice au stade Louis-II, le milieu de terrain malien a masqué le logo noir contre l'homophobie floqué sur sa poitrine, ainsi que le logo arc-en-ciel présent sur sa manche. Deux logos portés par tous les joueurs, entraîneurs et arbitres dans le cadre d'une campagne de lutte contre l'homophobie pilotée par la LFP à l'occasion de de la dernière journée de Ligue 1.
🏳️🌈 En cette journée de lutte contre l'homophobie, Mohamed Camara à placé un scotch noir sur le logo de la Ligue 1 aux couleur LGBT...
— Lig'ASM 🇲🇨 (@LigASM_) May 19, 2024
3️⃣-0️⃣ #ASMFCN pic.twitter.com/trxGCdqqNh
Le joueur n'a pas davantage participé à la photo protocolaire d'avant-match durant laquelle les deux équipes de Monaco et de Nantes ont posé devant le slogan, symbole de la lutte contre l'homophobie.
Mo [Camara, NDLR] a fait cela pour des raisons religieuses. C'est un sujet très sensible à tous les niveaux, car nous devons également respecter toutes les religions. Mais en tant qu'organisation, nous sommes très tristes de cet épisode et nous souhaitons indiquer clairement que nous ne soutenons pas cela.
Thiago Scuro, directeur général de l'AS Monacolors d'une table ronde avec quelques médias choisis
Thiago Scuro a indiqué que d'éventuelles sanctions envers le joueur seraient "gérées en interne", en restant flou sur leur teneur. "La même chose n'arrivera pas la saison prochaine", s'est-il cependant engagé.
"J'ai eu la chance d'appeler Arnaud Rouger [directeur général de la LFP, NDLR] [lundi] matin pour nous excuser, en tant que club, de ce qu'il s'est passé", a poursuivi Thiago Scuro.
Cette polémique intervient quelques jours après la journée de lutte contre les LGBTphobies et alors que la Principauté est très mal classée au niveau européen en terme de droits des personnes LGBT.
L'homophobie dans le football
La question de l'homophobie dans le milieu du football est un sujet que les associations de défense des personnes LGBT tentent de combattre. "Ça fait plusieurs années qu'on parle de cette problématique, de mener des actions et que rien ne débouche, que l'échelle des sanctions n'est pas appliquée", se désespère Erwann Le Hô, coordinateur du centre LGBTQIA+ Côte d'Azur.
Je suis persuadé que si ce joueur avait barré un badge contre l'antisémitisme ou contre le racisme, l'échelle des sanctions aurait été appliquée.
Erwann Le Hô, coordinateur du centre LGBTQIA+ Côte d'Azurà France 3 Côte d'Azur
La Ligue de football professionnelle est la seule en Europe à proposer de telles actions. Pourtant, SOS homophobie et d'autres associations se sont désolidarisées cette année de l'opération car elle rend, selon elles, invisible le drapeau arc-en-ciel.
"Cette tactique avait été adoptée par la Ligue pour emmener tous les joueurs et éviter que des joueurs refusent de porter le maillot ; il y en a eu cinq l'an dernier", explique Bertrand Lambert, président du PanamPride football club, un club de football parisien inclusif. "Mais on a vu que, finalement, ça ne sert à rien."
Il y a toujours des joueurs qui refusent de s'engager contre l'homophobie. Et c'est bien ça le problème !
Bertrand Lambert, président du PanamPride football clubà France 3 Côte d'Azur
Le directeur général de l'AS Monaco a reconnu que le club pourrait être sanctionné. "Je pense que ça peut arriver. Nous espérons que non. Parce que, pour moi, ce n'est certainement pas juste de punir l'ensemble de l'organisation."