L'artiste n'aurait pas dédaigné cette nouvelle exposition qui lui est consacrée, bien au contraire ! Le Bastion de Menton propose de découvrir une période colorée de l'œuvre de Cocteau. Les célèbres innomorati.
Décidément, Cocteau avait plus d'un tour dans son sac, en témoigne ses années dites méditerranéennes qui ne finissent pas de nous surprendre.
Finis le trait et le monochrome, les couleurs explosent. Comme l’explique Sandrine Faraut-Ruelle, attachée principale de conservation, avec gourmandise, "on a affaire là avec une technique particulière où le trait ne se mélange pas."
Cocteau, lui-même résumait ainsi les choses : "j’ai fini par comprendre que cette apparence de pastel venait d’une superposition très appuyée des crayons de couleurs sur un fond sombre. Il me rappelle que ces crayons étaient de la cire et se superposaient sans se mélanger formant en quelque sorte des glacis."
Années méditerranéennes
L’influence de Picasso est bel et bien présente dans ces peintures qui mettent en scène le couple, techniquement parlant si l’on peut dire : "on est loin de ce dessin des années 40, là, Cocteau est inspiré par le sud, les couleurs sont chatoyantes et lumineuses" précise Sandrine Faraut-Ruelle.
Cocteau a quitté la grisaille parisienne, son accent pointu, comme il le dira lui-même. Dans sa jeunesse, il avait déjà séjourné sur la Côte d'Azur, notamment à Grasse et Monte-Carlo. Mais c'est surtout dans les années 50 qu'il y vient de façon régulière. C'est aussi une période faste de création. Il s'adonne en particulier à la décoration murale.
Nous sommes au début des années 60. Pour Cocteau, le sud va être prépondérant dans les dernières années de sa vie, "je suis méditerranéen d’adoption."
Les innamorati constituent une série de 21 dessins qu'il baptise du nom que l'on donne aux amoureux de la commedia dell'Arte. Les dessins représentent une variation sur le thème des scènes burlesques de la vie d'un couple. Le tout n'est pas exempt d'une certaine légèreté et d'humour.
On peut découvrir enfin des toiles plus portées sur la mythologie avec toujours ces couleurs criardes.
Au Bastion de Menton, jusqu’au 17 juin 2024.