Menton : des renforts de police à la frontière franco-italienne en prévision d'un afflux de migrants

En prévision d'une arrivée massive de migrants débarqués à Lampedusa, des renforts de police sont présents à la frontière de Menton et en gare. Depuis le début de l'année, les arrivées sont en hausse. De son côté, l'Italie durcit sa politique migratoire.

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La police veut montrer qu'elle est présente en nombre à la frontière franco-italienne. C'est pourquoi les journalistes sont invités à suivre les contrôles routiers poste-frontière de Menton Saint-Louis et ceux qui sont effectués en gare ou à bord des trains. 

Pour des passagers du train qui n'avaient pas leurs papiers sur eux, direction le poste de police pour vérifier leur identité. 

Une opération de communication pour montrer que les forces de police sont présentes même si, pour l'heure, les migrants débarqués il y a 10 jours à Lampedusa ne sont pas encore arrivés jusqu'en France.

200 policiers supplémentaires

En prévision d'un supposé "afflux de migrants", le ministre de l'Intérieur a annoncé cette semaine le déploiement de 200 personnes supplémentaires.

Mais "il s'écoule souvent un délai de plusieurs semaines entre leur arrivée en Italie et le passage de la frontière", a expliqué Emmanuelle Joubert, directrice départementale de la police aux frontières. 

Ainsi, les personnes interpellées jeudi étaient arrivées fin août ou début septembre en Italie. Seuls deux avaient débarqué la semaine dernière à Lampedusa.

Actuellement, les migrants arrivés à Lampedusa il y a 10 jours ont presque tous été transférés en Sicile ou sur le continent. Ils n'étaient plus qu'une centaine vendredi dans le centre d'accueil de l'île, qui peut en accueillir 400.

L'Etat se prépare. On a à la fois des renforts du département, de la sécurité publique et des renforts nationaux de la police aux frontières (PAF), des renforts technologiques, les drones et on bénéficie des renforts aériens deux fois par mois avec l'avion de la PAF.

Emmanuelle Joubert, directrice départementale police aux Frontières 06

Concrètement, la PAF a l'autorisation d'utiliser deux drones depuis le printemps. Des outils manipulés plusieurs fois par semaine, jusque dans la Roya et la Bévéra, de jour comme de nuit, en fonction des conditions météo.

Des drones équipés de caméras thermiques, qui survolent à 120 mètres de hauteur mais n'enregistrent pas d'images. "C'est du direct", précise le responsable du matériel de la PAF 06.

Bilan des interpellations 

Chaque jour, les forces de l'ordre interpellent entre 200 et 300 personnes. En deux semaines, il y a eu près de 3.000 migrants interpellés à Menton.

Ce total porte à 32.000 le nombre d'interpellations depuis le début de l'année le long de la frontière dans ce département, un chiffre en hausse de 20% par rapport à l'an dernier sur la même période alors que les arrivées en Italie ont plus que doublé, a expliqué Emmanuelle Joubert lors d'un point presse.

Parmi les migrants interpellés, 24.000 ont fait l'objet d'une procédure de non-admission et ont été remis aux autorités italiennes, soit 10% de plus qu'en 2022.

Mais beaucoup ont été comptabilisés plusieurs fois après avoir multiplié les tentatives.

5000 mineurs non accompagnés

Les autres étaient des mineurs non accompagnés, qui ne peuvent être refoulés et dont le nombre a bondi de 50% pour atteindre 5.000 arrivées.

Les procédures ont été mises en place en 2015 avec le rétablissement des contrôles aux frontières à la suite des attentats. Tous les trains passant par Menton sont contrôlés, des policiers filtrent les postes-frontières et patrouillent dans les montagnes de l'arrière-pays. Seuls les contrôles sur l'autoroute restent beaucoup plus aléatoires.

Depuis le 1er juin, une force frontière est déployée, avec des renforts de personnel et l'appui des militaires de l'opération Sentinelle.

En Italie, une caution de 5.000 euros exigée des migrants

Côté italien, la législation se durcit. Depuis le début de l'année, l'Italie a enregistré plus de 130.000 migrants, contre 68.200 en 2022 sur la même période, selon le ministère de l'Intérieur.

Dorénavant, l'Italie exige 5.000 euros des migrants déboutés pour éviter la rétention. 

Les migrants déboutés du droit d'asile en Italie devront verser une caution de 5.000 euros sous peine d'être envoyés en centre de rétention pendant l'examen de leur recours.

Ce nouveau décret paru au journal officiel, a suscité vendredi la condamnation de l'opposition de gauche.

La gauche italienne parle de "rançon"

Cette garantie financière de 4.938 euros précisément, est qualifiée de "rançon" par le quotidien de gauche La Repubblica. Elle est censée couvrir les frais de logement et de nourriture pour une personne pendant un mois, ainsi que le coût de son rapatriement en cas de rejet définitif de sa demande.

La mesure a été durement critiquée par la gauche.
"Une garantie bancaire à payer par les migrants, s'ils ne se sont pas noyés en Méditerranée", a commenté sur son compte "X" le maire de Bergame (nord), Giorgio Gori (Parti démocrate, gauche), rappelant que l'Italie de l'émigration a vu "24 millions de migrants essaimer dans le monde entier".

18 mois maximum de rétention en Italie

Ce décret paraît quelques jours seulement après l'annonce du gouvernement d'extrême droite de Giorgia Meloni de son intention de porter à 18 mois la durée maximale de rétention des demandeurs déboutés, contre 40 jours renouvelables actuellement (138 jours maximum).

Une politique de fermeté alors qu'au même moment, le Pape François en visite à Marseille, s'indigne du sort des migrants en Méditerranée, une mer devenue "un cimetière".

"Nous ne pouvons plus assister aux tragédies des naufrages provoqués par des trafics odieux et le fanatisme de l'indifférence, a déclaré le pape dans un discours sans concession vendredi. 

Le souverain pontife qui a placé l'aide envers les migrants au centre de son message.

(avec Loïc Blache et AFP)

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