Les jardins remarquables de Menton privés d'arrosage : la ville et les communes alentours classées en crise sècheresse

Toujours pas de pluie en prévision sur les Alpes-Maritimes. Le préfet vient de prendre un nouvel arrêté sècheresse. 13 communes supplémentaires sont classées au stade de crise. En tout 58 communes maralpines sont désormais concernées par des mesures drastiques de restriction d'eau.

C'est tout l'est des Alpes-Maritimes qui est concerné. Dans un nouvel arrêté en date du 28 juillet, le préfet des Alpes-Maritimes place 13 communes du pays mentonnais en crise sècheresse, il s'agit du secteur des bassins versants de la Roya, de la Bévéra et des côtiers mentonnais :

  • Breil-sur-Roya
  • Castellar
  • Fontan
  • Gorbio
  • La Brigue
  • Menton
  • Moulinet
  • Roquebrune-Cap-Martin
  • Sainte-Agnès
  • Saorge
  • Sospel
  • Tende.

Invité de la matinale de France Bleu Azur ce vendredi, Pascal Jobert, le Directeur départemental des Territoires et de la Mer, expliquait cette décision :

Cela fait des mois qu'il n'a pas plu. On attend quelques orages sur l'arrière-pays mais ça ne changera rien pour les cours d'eau les plus importants : Roya et Bévéra sont sous leur débit de crise.

Pascal Jobert, Directeur départemental des Territoires et de la Mer

France Bleu Azur

Dans ces communes, les restrictions d'usage de l'eau, déjà importantes depuis que le secteur était en alerte renforcée, sont désormais drastiques :

L'arrosage des jardins est désormais interdit nuit et jour, même dans les potagers qui ne font plus exception.

Le lavage de voiture, le remplissage et la mise à niveau de piscine sont totalement interdits.

Cela vaut pour les particuliers, les communes sont à la même enseigne pour leurs espaces verts et bassins.

Les professionnels, agriculteurs et pépiniéristes doivent eux-aussi faire face à une interdiction d'arrosage à une exception près : les cultures maraîchères et spécifiques autorisées peuvent être arrosées la nuit de 19h à 9h, et en réduisant de 40% l'eau utilisée.

La règlementation, très détaillée, est à lire dans notre article en lien.

58 communes des Alpes-Maritimes en crise sècheresse

Le pays mentonnais rejoint quatre autres secteurs qui étaient déjà en crise sècheresse : les bassins versants de l'Artuby, de la Brague, de l'Estéron et des Paillons. Ce sont désormais 58 communes des Alpes-Maritimes qui ont atteint ce stade ultime (en noir sur la carte) :

96 autres communes sont placées en vigilance renforcée sècheresse (en rouge).

Les jardins de Menton privés d'eau, la ville demande une dérogation

A Menton, les jardins remarquables et les citronneraies font partie du patrimoine historique. La situation actuelle y est donc lourde d'enjeux.

La production d'agrumes fait heureusement partie des activités agricoles dérogatoires qui peuvent continuer à être arrosées, la nuit, en réduisant la quantité d'eau utilisée.

Malgré cela, la production, qui bénéficie d'une IGP (Indication Géographique Protégée), souffre. François Mazet est à la tête de sa citronneraie depuis 55 ans. Il n'a jamais vu ça :

On a eu des périodes de sècheresse, mais pas à ce point-là ! Ca va bientôt faire un an qu'on n'a pratiquement pas d'eau.

François Mazet, agrumiculteur depuis 55 ans

Conséquence sur sa production : "Les citrons sont deux fois moins gros, et les feuilles sont retournées par manque d'eau. Si ça continue, les arbres, pour garder leurs forces et survivre, vont perdre leurs fruits d'abord, puis leurs feuilles".

Quant aux jardins remarquables qui attirent de nombreux visiteurs à Menton, à l'exception du magnifique jardin d'agrumes du Palais de Carnolès, ils ne bénéficient pour l'heure d'aucune dérogation. La Serre de la Madone et Maria Serena, pour ne citer qu'eux, ne peuvent plus être arrosés. Ils abritent pourtant des collections nationales, et des espèces menacées.

Menton, ville classée 4 fleurs, a donc formulé dès mi-juillet une demande de dérogation auprès de la préfecture, pour l'instant sans réponse. Elle y établit une liste de végétaux sensibles dans des lieux délimités, pour lesquels elle demande l'autorisation d'un arrosage raisonné.

Si on n'arrose pas pendant une quinzaine de jours, on risque de perdre tout ce patrimoine historique des jardins de Menton.

Yves Juhel, maire de Menton

Outre les jardins d'exception pré-cités, la ville demande par exemple l'autorisation de maintenir les massifs fleuris dans les jardins Biovès, en coeur de ville, sans arroser les gazons.

Pour témoigner de sa bonne volonté en matière de gestion économe de l'eau, la ville a coupé les douches de plages :

La ville a par ailleurs écrit au ministre de l'Intérieur pour demander un classement un état de catastrophe naturelle.

L'arrêté sècheresse pris dans les Alpes-Maritimes est théoriquement en vigueur jusqu'au 31 août. Mais le préfet a prévu de réunir un comité de gestion de ressource en eau le 12 août prochain. Si la situation change, l'arrêté pourrait évoluer, dans un sens comme dans l'autre.

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