Actuellement, les sangliers ont faim et soif. Parfois, ils font les poubelles à côté des habitations ou se servent directement chez les maraîchers. Témoignages des habitants du Var.
L’été, on fait parfois de drôles de rencontres. En rentrant chez lui, vers 1 heure du matin, Jacques Cartier, ne pensait pas se retrouver face à une étrange poubelle. Une poubelle qui bouge. Il s’est vite aperçu qu’un gros sanglier avait ouvert le sac poubelle et était en train de manger les déchets.
Prudent, il ne s’est pas approché davantage, il a filmé la scène de sa voiture et l’a mise sur YouTube : avec la mention « bon appétit ! »
Il explique : « Je n’en avais jamais vu avant, c’est la première fois. J’étais sur mon parking… Il était tout seul, on en voit toujours plusieurs. Il avait de bonnes défenses. Quand je suis descendu de ma voiture, il était parti. C’est le seul endroit non clôturé de la résidence ».
Jacques Cartier habite à Draguignan, cette rencontre nocturne ne l’a pas trop étonné : « Ça vadrouille partout la nuit, près des habitations ».
Un autre soir, à l’entrée de la ville, il a même croisé un « beau renard ».
Potimarrons, courgettes et pastèques
Actuellement, les sangliers ont faim et soif. Alors parfois, ça fait des dégâts et ils ne se contentent pas de faire les poubelles.
Valérie Fernandez Sibilli, maraîchère à Fréjus a constaté le même phénomène sur son exploitation agricole. Elle a relayé cette « visite » dans ses champs sur son compte Facebook.
Ses collègues et amis paysans de Valérie sont confrontés au même problème.
Il faut savoir que le sanglier est omnivore, cela signifie qu’il mange de tout.
Dans le village, ils se promènent le jour, ils ne sont plus sauvages. La nuit, j’en ai vu 4 ou 5 au Petit Défend, dans un quartier de Saint-Raphaël quand je vais livrer mes paniers de légumes,
se rappelle Valérie Fernandez.
Des animaux assez habiles avec leurs pattes ! Sur les photos, on remarque qu’il ne reste que la peau de la pastèque : « ils coupent la pastèque en deux et ils mangent l’intérieur. Pour les courgettes, ils en mangent la moitié ».
Elle renchérit : « ils ne sont pas farouches, on les voit naviguer dès 9 heures. J’ai des chiens, ils n’ont pas peur des chiens. On vit avec. On est un peu chez eux aussi ».
Pour Michel Niveau, adjoint à l’Office de biodiversité dans le Var, (OFB) la situation n’est pas nouvelle. Il ne note pas de recrudescence cet été.
C’est continuel tout au long de l’année, à Fréjus, Saint-Raphaël, ils sont près des maisons. Ils ne sont pas farouches, quand ils vont se nourrir près des humains, ils sont habitués.
Michel Niveau, adjoint à l’Office de biodiversité dans le Var.
Il reçoit plusieurs mails par jour sur leur présence et ajoute : « il y a des gens qui les nourrissent et d’autres qui pensent que c’est bien de les tuer ».
Pour réguler la population dans les villes, il faut organiser des battues. Seuls les lieutenants de louvèterie peuvent être mandatés par la préfecture.
Des tirs individuels peuvent aussi être autorisés pour protéger les récoltes, parfois à la demande des mairies.
En France, la population de sangliers ne cesse d’augmenter. Ils seraient 3 millions en France, d’après les chiffres de la Fédération Nationale des Chasseurs.
Une fédération qui s’inquiète d’autant plus de cette prolifération qu’elle est censée payer les dégâts occasionnés par le gibier aux agriculteurs. Cette règlementation datant de 1968 qui devrait s'arrêter.
21.000 prélèvements ont eu lieu l’année dernière dans le Var
"C'est toute l'année, cet été c'est peut-être lié à la sécheresse. Mais on a des populations de sangliers qui s'adaptent à tous types de milieux, ils deviennent urbains ou périurbains", constate Bruno Giaminardi, directeur de la Fédération des chasseurs du Var.
Aucun décompte n'existe pour la faune sauvage mais depuis trois années, les tableaux de chasse sont en augmentation.
21.000 prélèvements ont eu lieu l’année dernière dans le Var, rapporte le directeur de la fédération : « La période de chasse s’étend du 1 er juin au 31 mars de l’année d’après. On met en place des prélèvements sur les communes où l’on a des problématiques de dégâts ».
Labourer pelouses et jardins
Le Var se situe dans les 5 départements de France où l'on trouve le plus de sangliers. L'Office de la biodiversité remarque plus de problème sur la côte que dans l’arrière-pays.
Comme c’est un des départements les plus boisés de France, les sangliers trouvent facilement des habitats naturels et des endroits pour se reproduire.
Même si parfois, ils parcourent des kilomètres et s’aventurent dans les résidences de la Côte d’Azur pour labourer pelouses et jardins.
Ils signent ainsi leur passage, le début d'une guerre de territoire.