Difficile l'été venu, avec tant de festivals présents sur la Côte d'Azur, de se démarquer lorsqu'on est organisateur de festivals. Mais la ville de Menton y parvient grâce à une programmation audacieuse. Nous avons assisté à la représentation d'une jeune flûtiste de 24 ans au talent fou qui a littéralement mis le public dans sa poche et s'est approprié le cadre exceptionnel, en plein air, de Saint-Michel.
On nous avait dit s'il y a un concert à voir absolument pour cette édition 2024, c'est celui-là ! Celui de Lucie Horsch, flûtiste à bec de 24 ans, néerlandaise au CV artistique long comme le bras.
Première réaction, se dire que ce n'est pas très aimable pour l'ensemble des autres artistes se produisant dans le cadre du festival comme par exemple la présence de l’Orchestre Philharmonique de Nice qui a joué à guichets fermés, Renaud Capuçon qui interprète des musiques de films ou encore le pianiste turc Fazil Say.
Deuxième réaction, se dire que la flûte à bec ce n’est pas très "vendeur" et que cela rappelle des mauvais souvenirs à beaucoup d'écoliers. Pour le directeur artistique du festival, Paul Emmanuel Thomas, par ailleurs chef d'orchestre renommé, l'affaire était entendue :"on s'est fait, y compris pour des musiciens comme moi, une fausse idée de cet instrument, puis on écoute Lucie et là, on devient fan".
Ni une ni deux, en 2023, Paul-Emmanuel Thomas l'appelle directement, sans passer par son agent, et lui propose de venir se produire à Menton. Elle accepte volontiers.
Des histoires comme celles-là, le directeur artistique, qui est en charge du festival depuis plus de 10 ans, en a quelques-unes. La programmation reste évidemment fondamentale, surtout vu la concurrence avec les autres festivals : "c'est un festival qui a 75 ans d'histoire et une des raisons pour lesquelles il poursuit cette très belle histoire, c'est qu'il a su se renouveler."
Imaginer la programmation du festival c'est un travail de créativité avant tout
Paul-Emmanuel Thomas, directeur artistique du festival de Menton
Alors qu'il est déjà en train d'imaginer la programmation de 2025, ce passionné de musique ajoute : "quand on construit une programmation, c'est un travail alchimique, comme en cuisine, on associe tel ingrédient avec tel autre et puis on doit veiller à chercher des contrastes."
Mais revenons à nos moutons. Quand à 21h30 ce soir-là où règne une chaleur suffocante sans un souffle d'air, c'est un souffle de bonheur qui va envahir le parvis de la Basilique Saint-Michel de Menton. Lucie Horsch, dès les premières notes, saisit par, à la fois, son talent et une certaine simplicité. C'est Vivaldi qui est au programme. On est sous le charme.
D'autant plus, l'artiste nous avait accordé quelques paroles, s'excusant déjà de ne pas mieux parler français, dans un français justement quasiment parfait ! Lucie Horsch qui ne voyage jamais sans au moins 7 flûtes. Pas un caprice, nous jure-t-elle, mais pour s'adapter aux conditions et à l'environnement du concert ainsi qu'à la programmation.
Juste avant la répétition, l'artiste qui s'approprie l'espace, résume : "c'est très spécial d'être en plein air et en même temps c'est très cosy et le public est très attentif, c'est magique ici".
La virtuose ajoute : "je pense que c'est super de jouer de la musique baroque, mais je veux montrer que ce n'est pas ennuyeux et quand il entend la musique, je sais que le public est surpris".
Journal du Festival de Musique de Menton - N°2 - Lucie Horsch https://t.co/mBm23yafe7
— Ville de Menton (@villedementon) July 31, 2024
Revivez l’ambiance magique du parvis de la basilique grâce à des extraits de concerts et des interviews exclusives.
➡️@luciehorsch aux côtés du Caravansérail dirigé par @BertrandCuiller
Tous les jours, la ville de Menton tient un carnet de bord avec photos et interviews, une sorte de rétro sur les jours de festival. C'est plutôt bien fait et ça prolonge ce que chacun a vécu comme spectateur.
Il reste encore des places pour bon nombre de concerts, sans oublier le "OFF", à réserver sur la page du festival.