Le montant de cette "contribution touristique" sera révisée chaque année. Elle permettra à l'État monégasque de bénéficier d'une recette de plusieurs millions d'euros.
C'est la nouveauté de 2024 à Monaco : une ligne supplémentaire apparaît désormais lorsque vous réservez une chambre dans l'un des douze hôtels de la Principauté. Chaque voyageur ou touriste doit désormais s'acquitter d'une taxe de séjour, appelée "contribution touristique" sur le Rocher.
Cette taxe, dont le montant est révisé chaque année par le gouvernement, dépend de la qualité de l'établissement que vous choisissez, et ne pourra pas dépasser 15€.
Voici les tarifs pour l'année 2024, par personne et par nuitée :
- hôtel 2* (hôtel de France) : 2€
- hôtels 3* (Ambassador, Miramar, Novotel, Columbus) : 3€
- hôtels 4* (Monte-Carlo Bay, Fairmont, Port Palace, Meridien) : 5€
- hôtels 5* (hôtel de Paris, l'Hermitage, Métropole) : 7€
- 1€ symbolique, à la charge des hôtels, par les nuitées offertes aux journalistes, influenceurs et tout professionnel faisant la promotion de Monaco
Les enfants sont exemptés de cette taxe.
Trouver une nouvelle ressource financière
Guy Antognelli est le directeur du tourisme et des congrès à Monaco. Il explique cette décision de l'État monégasque par un souhait de trouver de nouvelles ressources pour "assurer l'avenir". "Si on veut maintenir un niveau d’investissements tel qu’il est aujourd’hui, avec des coûts de construction qui évoluent", poursuit-il, "il faut bien que les recettes évoluent également".
Et dans ce dossier, entre l'adoption de la loi en 6 juillet 2023 et le dernier arrêté ministériel du 5 février, il y aussi eu de l'évolution dans le chiffrage de la taxe. En effet, le gouvernement avait prévu, initialement, des montants beaucoup plus élevés : 5€ pour les 2*, 10€ pour les 3*, 13€ pour les 4* et 14€ pour les 5*.
Des montants "trop élevés", selon les conseillers nationaux (l'équivalent des parlementaires français), qui "sont parvenus à obtenir du Gouvernement une solution médiane et équilibrée [...] en divisant par deux les montants initialement prévus dans l’arrêté ministériel du 20 décembre dernier".
#Economie 📈🇲🇨
— Conseil National (@ConseilNatMC) February 10, 2024
Instauration d’une taxe de séjour à #Monaco : les élus obtiennent, par le dialogue avec le Gouvernement, l’application de montants qui préservent l’attractivité de nos établissements hôtelier.
Plus d'infos 👉 https://t.co/aiwbeH995h pic.twitter.com/51GOm6shvx
Parmi les craintes des élus et des professionnels du tourismes monégasques : la comparaison avec les taxes de séjour pratiquées en France, notamment à Cannes. Dans la ville des festivals, elle varie entre 80 centimes pour les hôtels 1* et 4€ pour les palaces. À cette somme s'ajoute, en ce moment, une taxe régionale de 34% dédiée au financement de la Ligne nouvelle Provence Côte d'Azur (LNPCA), la nouvelle liaison ferroviaire entre Marseille à Nice (les taxes passent alors de 1,07€ à 5,36€).
À titre de comparaison, 14,95€, c'est le montant que le touriste paie en ce moment, en plus de sa chambre, pour dormir dans un palace à Paris, du fait notamment d'une taxe additionnelle de 200% pour financer les JO de 2024.
Ne pas se faire concurrencer par Cannes
Avec les tarifs initialement définis, l'écart aurait été "trop important en rapport avec ce qui se fait sur les destinations à proximité", poursuit Guy Antognelli. "L'été, Cannes est sur le même marché que la principauté. Il y avait donc une volonté de protéger le tourisme d’affaires."
La clientèle de tourisme d’affaires est très sensible aux prix. Exception faite de rendez-vous singuliers comme le Mipim ou le Yacht show, cela pouvait avoir un impact sur l'organisation d'événements ponctuels qui ne sont pas dédiés à l'une des deux villes.
Guy Antognelli, directeur du tourisme et des congrès à Monaco
Le professionnel du tourisme complète : "la clientèle de loisirs, elle, bouge entre Cannes et Monaco. Elle compare les prix et se serait demandé pourquoi cette taxe est plus élevée à un endroit qu'à un autre. L'été, les montants des nuitées étant déjà importants, cela aurait eu au final un impact faible, mais les hôteliers craignaient l’image que cela pouvait renvoyer".
Quant aux clients qui réalisent des séjours supérieurs à 90 jours (notamment dans les quatre résidences hôtelières), ils en seront exemptés. De même que les participants à certains congrès, "suivant l'intérêt que ce congrès a pour le pays".
Plus de 4 millions d'euros de recette espérés en 2024
À Monaco, les hôtels comptabilisent 863.000 nuitées par an. Si on enlève les mineurs (non-taxés), la principauté espère encaisser, pour le premier semestre 2024 "un peu plus de 2 millions d’euros" et, pour le second semestre, "environ 2,4 millions".
"Cette contribution touristique rentrera dans le budget de l'État, elle n'aura pas d'affectation spécifique", poursuit Guy Antognelli.
Mais elle "poursuit des objectifs chers aux élus", conclue le Conseil national dans son communiqué, "créer de nouvelles recettes pour l’État, garantir l’équilibre budgétaire et reconstituer d’année en année le Fonds de réserve constitutionnel (FRC), qui avait été ponctionné de 103 millions d’euros pour faire face à la crise du Covid-19".