Le département des Alpes-Maritimes compte un nombre record de migrants mineurs, venus souvent d'Italie voisine, et fait face à une saturation de ses structures d'accueil, ont alerté mardi la préfecture et le Conseil départemental.
Suite à la révélation par France Bleu Azur des difficiles conditions d'accueil de jeunes le week-end dernier, la préfecture des Alpes-Maritimes a fait le point sur les arrivées en ce début d'année de personnes à la frontière entre la France et l'Italie.
Quelque 690 mineurs non accompagnés (MNA) sont actuellement pris en charge par le Conseil départemental des Alpes-Maritimes, un niveau jamais atteint
selon la préfecture des Alpes-Maritimes.
La police aux frontières avait confirmé à France 3 Côte d'Azur ce lundi, qu'un "volume important de mineurs isolés se présenté en actuellement à la frontière." Ainsi, samedi dernier, 21 personnes qui se disaient mineurs sont arrivés au poste de Menton". Après vérification, il s'agissait de 6 mineurs uniquement.
"Le flux de janvier demeure très élevé, d'où la saturation du dispositif, en dépit de l'augmentation du nombre de places", a ajouté la préfecture, alors que l'accueil de ces mineurs est de la compétence du département. Chaque jour, les services de ce dernier passent au local de la police aux frontières pour accompagner ces jeunes dans leurs démarches et pour assurer leur logement. "Ils sont mis à l'abri", selon les termes que nous a précisés la PAF au téléphone.
Les chiffres
Selon des chiffres fournis par le département , 4.909 mineurs non accompagnés, essentiellement d'origine africaine, ont été "mis à l'abri" en 2022, c'est-à-dire hébergés en urgence à leur arrivée pour quelques jours, le temps d'évaluer leur minorité.
Ils étaient 4.049 en 2021, soit une hausse de 21%.
Dans le même temps, 617 MNA ont été pris en charge en hébergement de longue durée, contre 442 en 2021 (+40%).
"En huit ans, l'explosion des flux migratoires a amené le département à une prise en charge des MNA multipliée par 28", a indiqué à l'AFP le département, qui peut faire appel à la solidarité des départements voisins.
Les associations dénoncent
Les associations humanitaires dénoncent des conditions d'accueil insuffisantes.
L'association "Tous citoyens", qui s'occupe principalement des mineurs isolés étrangers, a réagi notamment sur les réseaux sociaux : "il y a un défaut de prise en charge. Les mineurs isolés étrangers ont subi des violences, des viols, les camps en Libye, la traversée de la Méditerranée. Ils ont besoin de soins, d'une prise en charge psychologique, et on les enferme dans des box à même le sol."
On a l'impression que le département gère au coup par coup. Nous dénonçons le défaut de prise en charge par le département de 18 jeunes migrants en début de semaine, maintenus dans les locaux de la Police aux frontières de Menton.
David Nakache, président de l'association.
"Nous demandons à ce que les migrants et demandeurs d'asile en France bénéficient des mêmes aides que celles dont ont bénéficié les réfugiés ukrainiens. Il y a une volonté politique d'accueillir ou non ?", a-t-il ajouté.