L'association écologiste Aspona a publié une lettre ouverte à la municipalité de Menton. Elle réclame une accélération du processus de végétalisation de la ville et déplore la politique environnementale de la commune.
"Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on a été surpris en lisant ça !" s'exclame Henri Scandola, adjoint au maire de Menton (Alpes-Maritimes), en charges des services techniques. Ni lui, ni le reste de l'équipe municipale, ne s'attendait à cette missive de fin d'année.
Il faut dire que l'Aspona (Association pour la sauvegarde de la nature et des sites Roquebrune-Cap-Martin, Menton et environs) finit l'année 2024 en dressant un bilan écologique peu glorieux, voire alarmiste, pour la ville de Menton.
Retards dans les chantiers de végétalisation
Dans sa lettre ouverte, l'association déplore les nombreux retards de la municipalité sur les chantiers de végétalisation. Le plan Climat prévoyait pourtant un certain nombre de mesures devant entrer en vigueur dans le courant de l'année 2021.
Trois ans plus tard, les militants écologistes constatent que rien, ou si peu, n'a été fait.
"On nous avait promis une végétalisation du parvis de la gare Menton-Garavan. Or, aujourd'hui, on ne voit qu'un parc de stationnement totalement goudronné, dont la construction est en voie d'achèvement, avec de très petits espaces destinés à accueillir quelques arbustes", raconte Frédérique Lorenzi, la présidente de l'Aspona.
L'association s'insurge également contre des emplacements toujours vides, destinés à de nouveaux arbres, sur la place d'armes. "Depuis 2019, nous travaillons étroitement avec les habitants de l'agglomération pour bâtir un projet sérieux, en phase avec les défis écologiques auxquels nous devons faire face. Mais les délais ne sont pas respectés, nous ne nous sentons pas aidés par la mairie, c'est très frustrant !", confie la militante écologiste.
Planter de nouveaux arbres
Dans un contexte de réchauffement climatique (+2 degrés dans la région) et de vagues de sécheresse à répétition, les militants de l'Aspona demandent expressément, pour l'année 2025, la plantation de 50 arbres à Menton, le long du cours René Coty, sur la place d'Armes et sur le parvis de la gare de Garavan.
Mais pas n'importe lesquels.
"Effectivement, il y a des arbres", admet Frédérique Lorenzi, "le paysage méditerranéen est saturé d'agrumes et d'arbres exotiques, mais ils laissent passer le soleil et consomment énormément d'eau".
Nous demandons des arbres de grande taille pour procurer ombre et fraîcheur en été et absorber les gaz à effet de serre.
Frédérique Lorenzi, présidente de l'Asponaà France 3 Côte d'Azur
"On demande tout simplement une meilleure gestion de la végétalisation et de la politique écologique", résume Frédérique Lorenzi.
219 arbres plantés en 2024, selon la mairie
Autre son de cloche, du côté de la municipalité. Henri Scandola, l'adjoint en charge des services techniques, se félicite, lui, des chantiers en cours et des réalisations de l'année passée. "Rien qu'en 2024, nous avons planté 219 arbres", se réjouit l'élu.
Je ne comprends vraiment pas cette lettre. Avec tous les efforts que nous avons déployés, on ne peut pas nous accuser de laxisme en matière !
Henri Scandola, adjoint au maire de Mentonà France 3 Côte d'Azur
Chaque année, la mairie de Menton alloue près de 200.000 euros aux différents projets écologiques.
"On a végétalisé des cours d'écoles, planté 26 arbres avenue du Verdon et une trentaine sur la promenade le long des plages", énumère Henri Scandola. "Des tilleuls, des mûriers... Nous avons pris soin de choisir des espèces locales, qui laissent passer le soleil l'hiver et protègent du soleil en été et qui sont très peu consommateurs en eau. Et ce, malgré les contraintes naturelles, comme le sel et l'air marin, qui rendent la plantation compliquée."
Une centaine d'arbres prévus en 2025
Selon l'ONF (Office national des forêts), la température ambiante peut baisser de 1 à 2 degrés à proximité des espaces verts. Voire plus : à l'ombre d'un platane, la température peut baisser de 8 degrés.
Alors, la mairie ne compte pas s'arrêter là. Une centaine d'arbres devraient être plantés en 2025. Notamment sur les chantiers en cours, sur le quai Bonaparte et sur le parvis de la gare où, au total, 40 abres seront plantés. Les emplacements des autres plantations sont à définir.
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Si l'année 2024 s'achève fraîchement entre la mairie et l'Aspona, l'année 2025 devrait être celle du consensus. C'est du moins le désir des deux parties. "On ne lâche rien, on reste ferme, mais notre volonté n'est pas d'aller au contentieux, on veut juste que les mairies renoncent aux projets qui mettent en péril l'environnement et qu'elles nous aident à aller dans le bon sens", explique Frédérique Lorenzi.
La municipalité, de son côté, ne sait pas encore quelle forme prendra sa réponse à la lettre ouverte de l'Aspona. Peut-être une lettre, un communiqué ou une prise de parole publique. "Ce qui est sûr, c'est qu'on va leur proposer de se mettre autour de la table pour en discuter", indique Henri Scandola.
