À l'occasion du centenaire de Rainier III, les ballets de Monte-Carlo présentent cette fin de semaine, une version monumentale de "L'Enfant et les Sortilèges", une fantaisie née sous la plume de Colette et Maurice Ravel.
C'est l'histoire d'un enfant capricieux qui se fâche avec sa mère car il ne veut pas faire ses devoirs de mathématiques. Il jette des objets par terre, théière, bouilloire, horloge, livre et entre dans une colère noire.
Cette scène banale du quotidien sert de prélude à un voyage dans l'imaginaire de l'enfant. Comme l'a écrit Colette : "Se produisent alors des évènements fantastiques : les objets s'animent, les animaux se mettent à parler, et tous complotent une revanche. Terrifié, l'enfant appelle sa mère. Mais rien n'y fait, les créatures se jettent sur lui."
"Une enfant méchante, diabolique, espiègle"
Dans les précédentes versions, c'était une petite fille déguisée en garçon. Là, le chorégraphe a tenu à ce que ce soit une petite fille incarnée par une jeune danseuse de 21 ans, Ashley Krauhaus.
Britannique, les yeux bleus, son visage d'ange tranche avec son rôle : « C’est une enfant méchante, diabolique, espiègle… Elle est dans la provocation, elle va créer un grand désordre et, évidemment, tout va rentrer dans l’ordre ».
La colère se transforme en délire fantaisiste. Une vingtaine de tableaux et autant de visions fantasmagoriques : des chauves-souris acrobatiques, des chats turbulents et des grenouilles géantes s'agitent autour de la petite fille. Comme dans "Alice au pays des Merveilles", les objets prennent vie : une théière et des tasses tournent en rythme et donnent le tournis à la petite fille.
"Une dimension féérique"
Décors magiques, costumes somptueux de Jérôme Kaplan et qualité d'interprétation font oublier les difficultés techniques parfaitement exécutées par les danseurs. La chorégraphie est au service de l’imagination illimitée de l’enfant terrible.
Le public salue la performance et la belle histoire : "Magnifique", "Un spectacle qui transporte ! ", "De beaux costumes."
Un spectacle auquel a assisté la princesse de Hanovre, Caroline. C'était l'une des œuvres favorites de S.A.S. le Prince Rainier III, dont on fête cette année le centenaire à Monaco.
Le soir de la première au Forum Grimaldi, mercredi 20 décembre, Jean-Christophe Maillot a été longuement applaudi. Il a réactualisé "L'Enfant et les Sortilèges", créé par Ravel en 1925, donné son style à ce spectacle en s'inspirant des livrets écrits par Colette, elle-même danseuse. Il explique :
L'idée c'est de conserver vraiment cette dimension féérique. Il ne faut pas oublier le livre de Colette, qui est un livret totalement fou. Elle l'a écrit pour sa fille. Elle était je crois monoparentale. Il y a ce rapport très particulier de la mère à la fille. Mais ce qui compte c'est la fantaisie, la façon dont un enfant regarde le monde des adultes et peut avoir peur, peut-être, de grandir.
Jean-Christophe Maillot, chorégraphe des Ballets de Monte-Carlo
Le chorégraphe avait été nommé à la tête des ballets monégasques en 1993, un an après avoir présenté à Monaco sa version de "L'Enfant et les Sortilèges" .
Une Académie de jeunes chanteurs créée par Bartoli
Une oeuvre légère, enlevée, onirique. Pourtant, c'est une production hors-normes : en tout, 240 artistes participent à ce spectacle grand format.
Une cinquantaine de danseurs se produisent sur scène avec l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, le Chœur de l’Opéra de Monte-Carlo et le Chœur d’enfants de l’Académie de Musique. Une Académie de jeunes chanteurs a même été créée pour l'occasion par Cécilia Bartoli. En septembre, 70 jeunes chanteurs (de moins de 30 ans) ont candidaté, seuls 13 d'entre eux ont été retenus.
Les choeurs occupent les balcons dans le théâtre ce qui donne une puissance vocale forte, une immersion encore plus importante pour le public.
Le spectacle sera joué jusqu'au 23 décembre à Monte-Carlo. Une façon de fêter Noël et de célébrer l'enfance. A la fin, l'enfant se calme, s'assagit et rejoint le pays des songes... Un rêve d'adultes.
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