Alors qu'Eric Ciotti a redit son refus de voter le texte de loi tel qu'il sera présenté ce lundi à l'Assemblée nationale, c'est une voix dissonante qui s'exprimera ce dimanche sur l'antenne de France 3 Côte d'Azur. Celle d'un élu de terrain confronté tous les jours à la réalité de l'immigration. Le maire de Menton, membre des Républicains, appelle le patron de son parti à voter la loi.
C'est l'appel d'un maire libre, qui veut faire entendre sa voix au sein d'un parti dont la majorité des députés s'apprêtent à voter contre le projet de loi asile et immigration.
Après avoir cosigné une tribune dans Le Monde, avec le président de la Région Renaud Muselier et le maire de Briançon Arnaud Murgia, le maire de Menton, Yves Juhel, persiste et signe, cette fois-ci sur notre antenne.
Dans Dimanche en politique, diffusé ce dimanche 10 décembre à 11h25, il s'adresse directement au patron de son parti, le député LR Eric Ciotti :
"Je lui dis Eric, regarde bien le texte, Eric je comprends ta position, mais fais comprendre à tes députés qu'il vaut mieux une avancée qui peut paraitre minime que pas d'avancée du tout. Si j'étais député, je voterai la loi"
Yves Juhel, maire de Menton (LR)
A ses côtés, le député Horizons (majorité présidentielle) et proche de Christian Estrosi, Philippe Pradal, boit du petit lait et renchérit : "Il faut vraiment que chacun regarde le texte et se prononce en connaissance de cause. On a dans cette loi des dispositions qui vont accroître les pouvoirs du préfet pour éloigner les étrangers qui représentent une menace pour l'ordre public".
"Autoriser les forces de l'ordre à prendre sous la contrainte les empreintes des personnes en situation irrégulière, peser sur nos partenaires pour qu'ils accueillent plus leurs ressortissants qui ne se comportent pas bien sur le territoire national et qu'il puissent retourner dans leur pays, tout ceci est dans la loi"
Philippe Pradal, député des Alpes-Maritimes (Horizons - majorité présidentielle)
Éric Ciotti entendra-t-il l'appel d'un maire LR de son département ? Ce mercredi, lors d'une conférence de presse de son parti, le président des Républicains a pourtant redit son refus de voter la loi, dans sa version revue et corrigée par l'Assemblée nationale en commission des lois, après le Sénat en avait durci plusieurs dispositions.
"Nous ne serons pas les complices d'un échec annoncé. Nous ne voterons pas le texte du projet de loi tel qu'il a été adopté par la commission des lois"
Eric Ciotti, président Les Républicains et député des Alpes-Maritimes
En visite ce vendredi dans les Alpes-Maritimes, le ministre de l'intérieur a tenté une ultime main tendue à la droite, dont les voix seront indispensables pour faire passer le texte : il propose de rétablir le délit de séjour irrégulier, proposé par les sénateurs et supprimé en commission des lois par les députés : une disposition qui permettrait aux policiers de délivrer des amendes à des sans-papiers.
Pas sûre que cette nouvelle proposition suffise à convaincre les députés LR de voter d'une seule voix pour le texte. Hier, Eric Ciotti s'est illustré par son absence, lors de la visite du Ministre de l'intérieur à Nice et Menton.