Depuis le mois de mai, la police a mené quarante opérations avec un drone. Un nouvel outil qui a permis d’interpeller 225 migrants dans les Alpes-Maritimes.
Sur les hauteurs de Menton, ce 22 novembre dans l'après-midi, deux pilotes de la police aux frontières s’affairent autour de leurs "Mavic 3 Enterprise", des drones de dernière génération. Et ce sont bien des pilotes qui sont aux commandes, ceux-là mêmes qui volaient, mercredi dans la matinée, à bord d’un Cessna pour une opération de reconnaissance.
"Le but de la mission 'épervier' que nous allons mener, c’est une reconnaissance des chemins empruntés par personnes souhaitant se rendre sur notre territoire illégalement" explique le brigadier-chef Ludovic.
Une brèche au "Pas de la Mort"
Dans cette zone très escarpée, le drone permet aux forces de l’ordre de couvrir beaucoup de terrain, rapidement et en sécurité, de jour comme de nuit, grâce à des drones équipés de caméras thermiques.
En quelques minutes, l’appareil a rejoint le site du "Pas de la Mort". Une zone très escarpée, dangereuse, qui surplombe l’autoroute A8, où des migrants se sont déjà retrouvés en grande difficulté et ont dû être secourus.
"On a un grillage qui a été coupé et replié sur lui-même pour favoriser certainement le passage de personnes" observe le brigadier-chef Olivier, les yeux rivés sur sa radiocommande. Le télépilote zoome, observe, enregistre les coordonnées GPS.
"On va orienter nos effectifs au sol"
Aux côtés du télépilote, le chef de la Force frontière 06, le commissaire divisionnaire Jean Gazan réagit immédiatement : "On va orienter nos effectifs au sol sur l’itinéraire qui pourrait partir depuis ces passages. Ces patrouilles risquent de détecter des groupes de migrants… Ce sont des éléments qui nous aident et qui nous guident".
Car le drone, autorisé à voler dans le cadre de la surveillance l'immigration irrégulière depuis le mois de mai, s'inscrit dans un dispositif global. Depuis les airs, il repère des indices de passages ou des individus, dont la présence est communiquée au commandement.
Chasseurs alpins et légionnaires sur le terrain
Pour lever le doute, la police peut solliciter un "appui au sol". Il s'agit de militaires de l'opération Sentinelle, dont la mission est alors de "figer la situation" : "Nous avons soixante chasseurs alpins et quinze légionnaires présents. Nous les sollicitons pour retrouver et nasser les individus dans des zones difficiles d'accès", explique le commissaire Gazan. "Ce sont ensuite les agents de la PAF qui procèdent aux interpellations".
Durant la nuit de mercredi à jeudi, le drone a permis de repérer sept individus. Six se sont enfuis en direction de l'Italie à l'arrivée des forces de l'ordre, un seul a été interpellé.
Depuis le début de l'année, le nombre de migrants interpellés s'élève déjà à 38 000, un chiffre record. Près de 30 000 d'entre eux ont été renvoyés en Italie. Quelque 8 000 autres, qui étaient mineurs, ont été pris en charge au titre de l'aide à l'enfance.