Monaco : plan social à la SBM, pour les salariés rien ne va plus

La direction était pourtant confiante. Un plan social annoncé à ses 4000 salariés, largement fondé sur du départ volontaire. Mais rien ne se passe comme prévu, les débrayages dans les établissements du groupe se multiplient. Nous avons recueilli le témoignage d'un des salariés de la SBM.

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C’est un endroit certes moins avenant que la façade principale de l’établissement, l’hôtel de Paris, une institution à Monaco avec ses jusqu'à 207 chambres proposées à la clientèle.

Malaise

Nous sommes du côté de l’entrée des artistes ou plutôt du côté de l’entrée du personnel. Là, debout ou assis à même le sol des salariés de la SBM, la Société des Bains de Mer de Monaco qui détient l’hôtel de Paris en plus de bien d’autres lieux comme le Casino pour ne citer que le plus illustre.

Les visages ne sont pas à la fête, des semaines de conflit social émaillées par d’incessantes et répétées rencontres avec la direction. En jeu, un plan social qui vise le départ volontaire de 189 personnes (sur un effectif de plus de 4000).

Et depuis cette semaine des débrayages comme ce 21 décembre au café de Paris. Ce 22 décembre les syndicats ont ciblé l’hôtel de Paris : "ici il y a 300 salariés" explique Michel Alaux du syndicat HCR (hôtels-cafés-restaurants) "mais depuis huit mois le recours aux CDD a disparu."

En réalité il y a toujours un recours aux extras : cela peut aller jusqu’à 40 par jour.

On a beaucoup glosé sur la situation de Monaco, ses salaires dans l’hôtellerie sans commune mesure avec les salaires français. Et c’est vrai que les avantages "monégasques" sont nombreux. Alors comment expliquer ce malaise qui se perçoit quand on parle avec "les SBM " ?

Nous rencontrons l’un des salariés, nous l’appellerons Michel afin de ne pas l’exposer face à sa direction. Il occupe la triple fonction de chasseur voiturier bagagiste, mieux connu sous l’appellation de groom. La cinquantaine, il porte beau l’uniforme : "treize ans d’ancienneté nous confie-t-il avant d’ajouter je me fais violence à venir là c’est pas mon genre."

Un bel outil

Dans ses premières phrases Michel se fait l’écho des revendications syndicales : "je suis très inquiet de ce plan social, de tous les accords historiques remis en cause."

Le salarié ne tarde pas à se confier. "Un bel outil de travail, une renommée à l’international on est en train de détruire ça." Comme beaucoup, il reproche à la direction de rester sur ses positions, "on a le sentiment de ne plus être qu’un numéro, de dénigrement, un outil sur un établis, une régression totale."

Michel a eu un parcours atypique : "J’ai travaillé chez mac do dans les années 90, on pointait quand on travaillait, on n’attendait rien d’un tel boulot à l’époque, c’est des vieux souvenirs qui reviennent, ça date de plus de 30 ans."

Impossible de ne pas lire une certaine lassitude chez notre témoin : "il y a des soucis de service, mais ce qui me rend malade c’est qu’on peine à rendre le service adapté à l’hôtel de Paris."

"On ne devrait pas avoir à s’excuser auprès des clients. Je viens de faire un dernier départ de client juste avant de venir ici mais on m’a prévenu que trente minutes avant.  J’ai essayé de ne rien laissé transparaître devant lui." Dur.

Il s'agirait d'un problème de planification au sein du service client de l’hôtel.

Mais alors que pense-t-il de la sempiternelle comparaison avec les salaires français ?

"C’est vrai, confie Michel,  que les charges sociales sont plus faibles qu’en France. Et les salaires meilleurs. Mais il ne faut pas généraliser, le salaire d’un croupier au Casino ou le salaire de ceux qui ont la nationalité monégasque est très éloigné de nos salaires." Lui émarge à environ 2500 € par mois.

Et de conclure : "si je n’avais pas la cinquantaine je partirais." Lui n’est pas concerné par le plan de départ volontaire."

Il est temps au petit groupe de converger vers la place du Casino. Ils sont en fin de matinée une centaine. Quelques slogans, des pancartes timides tandis qu’une jolie russe prend la pose devant le gigantesque sapin de Noël avec en arrière-plan le casino.

Pas franchement décidés à baisser les armes les 18 syndicats de la SBM promettent d’une même voix de se faire entendre, comprenez chambouler l’organisation de cafés ou restaurants sous forme de débrayage, durant les fêtes de la Saint-Sylvestre.

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