Le taux d'incidence a dépassé les 50 pour les 100 000 habitants dans les Alpes-Maritimes, il s'élève à 66 ce mardi 13 juillet. Le seuil d'alerte fixé a donc été franchi, une première depuis le déconfinement du mois de mai. Le variant Delta menace aussi le département du Var.
La barre symbolique des 50 cas de contamination pour 100 000 habitants a de nouveau été dépassée dans les Alpes-Maritimes. Le département est particulièrement frappé par ce rebond de l'épidémie, ce mardi 13 juillet le taux d'incidence est de 66.
La veille face à la menace que représente le variant Delta, Emmanuel Macron s'est exprimé. Le président de la république a annoncé de nouvelles mesures telles que la vaccination obligatoire pour les soignants ou encore l'extension du pass sanitaire en vigueur.
En France métropolitaine, sept départements sont actuellement concernés : Paris, les Hauts-de-Seine, les Pyrénnées-Atlantique, la Haute-Garonne, les Pyrénées orientales, l'Hérault et enfin les Alpes-Maritimes.
La circulation virale augmente particulièrement dans la tranche d'âge 20-29 ans, détaille le site Covid Tracker.
Des chiffres qu'explique ce spécialiste :
Le taux de vaccination est plus important chez les personnes âgées, leur vie sociale est aussi moins active et ils font souvent plus attention par peur du virus. Il ne faut pas oublier non plus que les populations plus âgées ont été très fortement impactées par les précédents variants.
La menace du variant Delta
En l'espace de quelques jours, le taux d’incidence et celui de la positivité ont explosé en région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
La mutation L452R, contenue dans le variant Delta ex "indien", a été repérée dans 87,1 % des tests positifs dans le département du Var entre le 30 juin et le 6 juillet, selon les données du portail Geodes.
Les Alpes-Maritimes ont elles aussi dépassé les 80% :
Pour le professeur Michel Carles, infectiologue au CHU de Nice, la contagiosité de ce variant et le relâchement des gestes barrières sont les seules explications, il précise : "nous avons un variant qui circule plus rapidement et nous constatons que les personnes sont moins vigilantes avec la distanciation sociale, même dans les lieux publics où il y a une forte densité de population."
Un variant qui progresse donc très vite. Aujourd'hui, huit tests sur dix présentent la mutation L452R. il y a quelques semaines, seul un test sur dix était concerné.
L'infectiologue rappelle :
ce n'est pas parce que le masque n'est plus obligatoire dans certains lieux que l'on doit se relâcher.
Dans un entretien donné à France Inter le 9 juillet, le ministre de la Santé Olivier Véran souligne que le variant Delta est 60 % plus contagieux que les autres souches du virus.
Festival de Cannes et tourisme en cause ?
Depuis le 9 juillet, le processus de déconfinement mis en place par le gouvernement a atteint sa dernière étape avec l'ouverture notamment des discothèques, même si elles restent soumises à un protocole strict, avec la mise en place d'un pass sanitaire.
La reprise des événements festifs et les vacances scolaires peuvent-elles expliquer le rebond de cette épidémie ? Le festival de Cannes se tient sur la croisette depuis le 6 juillet.
Le célèbre journal américain, le NY Times s'était d'ailleurs indigné dans un article, du manque de respect des gestes barrières au sein du festival du cinéma, malgré le protocole pourtant mis en place par les autorités.
Pierre Lescure, le président du festival de Cannes rétorque néanmoins : "on a fait plus de 3 000 tests et zéro cas positif. Tout ça pour dire que les rumeurs d'un cluster cannois sont infondées. On fait tous très attention, on a tous envie de se montrer exemplaire, que le festival aille jusqu'au bout, que la pandémie s'arrête."
Pour le professeur Carles, c'est avant tout une question de responsabilité : " à partir du moment où on maintient les gestes barrières, et on respecte les jauges il n'y a pas de soucis, si on est collé on crée des clusters, c'est logique !"
Point sur la vaccination
Pour échapper à cette quatrième vague, pas de doute pour les spécialistes, il faut atteindre l'immunité collective soit 80 % de la population vaccinée.
Dans les Alpes-Maritimes, seulement 44,7 % de la population est vaccinée.
Comme plusieurs centaines de médecins, soignants et agents des hôpitaux de Marseille, le professeur Jean-Luc Jouve a signé une tribune d'hospitaliers qui appelent leurs collègues à se faire vacciner.
Pour beaucoup, c'est une question "d'éthique" :
Je pense que la vaccination des soignants devraient être obligatoire, je ne comprends pas comment un médecin ne peut pas être favorable. C'est comme si un pompier refusait de mettre une tenue anti-feu par crainte des effets à long terme des produits contenus dans l'uniforme. On est dans une société délirante !
Les derniers chiffres concernant la vaccination en PACA :
Afin d'encourager les habitants à se faire vacciner, l'ARS Paca a affiché dans les rues plusieurs panneaux reprenant des scènes d de retrouvailles familiales, de festivals et de baisers passionnés,
Le slogan : "Oui le vaccin peut avoir des effets désirables" :
?#VaccinationCovid | "Oui, le vaccin peut avoir des effets désirables".
— ARS Paca (@ARSPaca) July 1, 2021
Nous lançons une campagne de sensibilisation pour inciter et convaincre la population à recourir à la #vaccination
Pour relayer la campagne ▶️https://t.co/1MYUZ048sb pic.twitter.com/fVG9fe3LzV
Pour le moment, malgré cette accélération de la propagation du variant, le nombre d'hospitalisations a tendance à stagner. Pour éviter de connaître une pression hospitalière, il ne faut pas que le virus continue de se propager aussi rapidement. Michel Carles, infectiologue au CHU de Nice insiste : "il ne faut pas attendre qu'on soit dans une situation compliquée pour faire attention."
Dans les Alpes-Maritimes, 127 personnes sont actuellement hospitalisées à cause de la Covid 19. Dans la région, 20 % des lits sont occupés.
Des mesures supplémentaires
Dans les Alpes-Maritimes, des mesures supplémentaires ont été prises pour endiguer l'épidémie, le masque est obligatoire dans plusieurs lieux jusqu'au 19 juillet.
Même combat dans le département voisin, le préfet du Var, Evence Richard se dit d’ailleurs "inquiet" et craint que le phénomène ne prenne la même ampleur que l'hiver dernier, lorsque le variant anglais s'était répandu dans le département.
Il ajoute d'ailleurs que plusieurs clusters de variants Delta ont d'ores et déjà été identifiés.
A Nice, Christian Estrosi souhaite lui aussi durcir le ton, le maire de la ville se dit favorable à rendre payant les "test PCR de complaisance" afin d'inciter la population à se vacciner.
Il souhaite aussi mettre en place un "label confiance" dans les commerces qui respectent scrupuleusement les gestes barrières et les mesures sanitaires.