C'est une première mondiale pour un bateau de plaisance. L'Hynova 40 est un yacht qui navigue grâce à une propulsion électro-hydrogène. Jusqu'au 30 juin il fait escale à Nice, avant de rejoindre la Principauté de Monaco pour effectuer la course "Solar Energy Boat Challenge."
Zéro bruit, zéro odeur et zéro rejet polluant, ce yacht Hynova qui carbure grâce à une propulsion "électro-hydrogène" ne rejette que de l'eau et de la chaleur.
C'est le premier bateau homologué pour la plaisance à fonctionner ainsi. Pour fabriquer de l'hydrogène, il faut de l'électricité et de l'eau.
"Un projet futuriste"
Chloé Zaied est skippeuse dans le parc des Calanques à Marseille, c'est elle qui a eu l'idée de créer ce yacht.
Les nouvelles réglementations, tendent progressivement vers le "zéro émission", elle a donc anticipé l'avenir et a cherché à limiter rapidement l'impact des bateaux sur la nature.
C'est une rencontre qui va la motiver, en 2019, Chloé Zaied fait la connaissance de l'équipage du bateau laboratoire Energy Observer, le premier navire capable de produire son propre hydrogène à bord. Elle décide d'utiliser cette technique de propulsion pour sa start up.
Un bateau non-polluant mais performant
Ce bateau utilise de l’hydrogène stocké à bord dans trois bonbonnes, qui libère de l'énergie grâce à des piles à combustible. Le yacht peut atteindre une vitesse de 45 km/ h, il ne rejette ni CO2, ni gaz NOX, il n'y a pas de fuites d'essence et il est totalement silencieux. Ce qui rend le bateau très agréable et sans à-coup.
Nous ne dirons pas que notre bateau est 100% écologique, sa construction a eu une empreinte carbone, certains matériaux également. Mais nous sommes dans une démarche de transparence avec les consommateurs, et nous souhaitons nous améliorer. Au fur et à mesure, il deviendra de plus en plus propre.
L'objectif est en effet de pouvoir créer de l'hydrogène grâce uniquement aux éléments solaires ou avec le vent. Dans le sillage de son bateau, Chloé Zaeid ouvre un chemin pour une énergie sans carbone maritime et fluvial.
Baptisé "The New Era", l'Hynova40 peut accueillir 12 passagers, il dispose d'une autonomie de 12 heures et se recharge en quelques minutes. Là où un sytème de batterie 100 % électrique aurait eu une autonomie plus faible et un temps de recharge bien supérieur.
"Pour le moment on pourrait presque aller en Corse, mais si il y avait un petit mistral de face ça ne serait pas terrible", s'amuse la conceptrice du navire.
Cette innovation a également un coût : plus d'un million d'euros, soit 30 % plus cher que les bateaux de la même taille, qui fonctionnent grâce aux énergies fossiles.
Mais il s'adapte
Le bateau peut modifier ses caractéristiques en fonction de la demande. Par exemple, pour une personne souhaitant aller rapidement mais en effectuant une courte distance, il y aura à bord moins de batteries, mais plus de bonbonnes, et inversement dans l'autre cas de figure.
L'hydrogène ce qu'il apporte en plus c'est que nous allons pouvoir dimensionner la technologie en fonction du profil de l'utilisateur
Un bateau fabriqué en France
Quatre personnes travaillent sur le projet sans compter les entreprises sous-traitantes. Le premier bateau Hynova a été créé sur un chantier naval entre la Ciotat et Marseille.
Comment faire le plein ?
Le "plein" appelé "avitaillement" peut être effectué en quelques minutes. Un argument auxquels les professionnels de la plaisance ne sont pas insensibles. Mais malgré les promesses techniques de ce bateau, pour l'instant les ports ne disposent pas de structures suffisantes pour assurer les pleins.
Mais certaines communes se disent très "intéressées" par le projet, d'ici aujourd'hui à dix ans, la ville de Nice souhaite avoir son propre centre de fabrication d'hydrogène vert et renouvelable.
Richard Chemla, adjoint au maire chargé de l'écologie explique :
"Pour rentrer dans des modes de mobilités douces, on va d'abord avoir des systèmes de rechargement en électricité puis l'hydrogène vert. Et j'insiste sur ce point, car on ne souhaite pas obtenir l'hydrogène par des systèmes qui rejetteraient du CO2. Nous misons sur les énergies renouvelables et nous allons même développer des bactéries qui produisent de l'hydrogène. Nous sommes au début d'une nouvelle ère."
Certaines voitures utilisent d'ailleurs déjà ce carburant. En attendant, Hynova40 poursuit ses étapes pédagogiques, au cours desquelles les ports qui l'accueillent, l'autorisent à "faire le plein" d'hydrogène grâce à des camions venus spécialement pour l'occasion, comme à Nice ce 29 juin.
Le bateau a sillonné la côte méditerranéenne depuis la Ciotat, demain il sera à Monaco pour la course "Solar Energy Boat Challenge", qui aura lieu du 6 au 10 juillet.