Depuis le 1er juillet, Virginia Begnis vit dans son salon de coiffure barbier à Nice. Face à la crise du coronavirus, elle a dû choisir entre quitter son appartement ou le métier qu'elle exerce depuis 30 ans. Elle s'est finalement installée à côté des bacs à shampooing.
Au téléphone, elle reste souriante et ponctue ses phrases d'un rire franc. Pourtant, depuis le premier confinement, la situation financière de Virginia Begnis, coiffeuse à Nice n'a cessé de se dégrader.
Dès le 1er juillet, la cinquantenaire célibataire et sans enfant a décidé d'emménager dans son salon de coiffure barbier « Wax & Cut » rue Bonaparte à Nice : « J'ai encore envie de vivre de mon métier tant pis pour mon appartement ».« La trésorerie n'a pas tenu et il fallait réagir vite. Je ne pouvais plus payer mon loyer »
Mais cela n'a pas été evident pour elle de quitter son confort, « avec mes deux chats », et de perdre un cocon intime et réconfortant.
Survivre à la crise
La coiffeuse barbière, installée ici depuis 20 ans à aussi renoncer à sa Harley Davidson qu'elle a remplacé par une moto 125 : « c'est comme ça, se résigne-t-elle, quand on fait face à des ennuis financiers on vend l'excédent ».Son chiffre d'affaires a chuté de 60% et les aides de l'État, à peu près 3 000 euros au total, n'ont pas suffit à la sauver.
Jamais, de toute sa carrière, elle n'avait traversé une telle crise. L'absence de salariés allège tout de même ses inquiétudes.« En temps de guerre, les gens habitaient dans leur commerce donc là j'ai fait pareil. Je me repli dans l'endroit qui me permet de survivre ».
La débrouille et l'entraide
Virginia a scindé l'espace en deux avec un paravent pour pouvoir installer un lit au fond, au milieu des cartons, dans l'ancien espace détente. Elle est trés vigilante à ne pas mélanger les deux espaces pour des raisons sanitaires.« Le problème c'est que je n'ai pas de coin cuisine à par un micro-ondes » précise-t-elle. Ses copines se relayent pour lui apporter des plats chauds et le légumier du coin, qu'elle connaît très bien, l'autorise à se servir sans payer. C'est cette solidarité qui lui permet de tenir.
Les habitués du salon sont là aussi pour la réconforter. Ils passent lui dire bonjour et prendre de ses nouvelles : « C'est ce lien social que je ne veux pas perdre, que j'ai eu peur de perdre ».
Dès ce samedi 28 novembre, elle pourra les accueillir de nouveau sur ses fauteuils mais elle redoute que les restrictions à un client seulement par demi-heure l'empêche de réellement s'en sortir.
Comme elle, les commerçants sont nombreux à lutter pour éviter la faillite. Les restaurateurs surtout qui ne pourront pas réouvrir avant au moins le 21 janvier 2020 et qui se sont mobilisés à Marseille, aujourd'hui, pour faire entendre leur colère.