Au cœur de la vallée de la Vésubie, le sanctuaire de la Madone d'Utelle, accessible en randonnée, offre un panorama sur les massifs environnants. Cet été, nous vous faisons (re)découvrir les merveilles des Alpes-Maritimes.
La Madone d'Utelle est un sanctuaire situé sur un vaste plateau, perché à 1 194 mètres d'altitude. De là, on découvre un large panorama : " C'est à 140 degrés : on voit d’un côté la vallée du Var, la Tinée, toutes les chaînes de montagne et quand il fait beau, on distingue même la mer", décrit Hélène-Marie Passeron, adjointe chargée de la communication et de l'événementiel à la mairie d'Utelle.
Sur place, une table d'orientation permet de se repérer.
Il est possible d'y accéder en voiture ou de faire une petite randonnée, au départ du village d'Utelle. En environ une heure, on accède au sanctuaire.
" C'est une très belle randonnée, pas difficile. Je l'encadre même avec des seniors", confirme Jean Capitant, guide de montagne et membre de l'association Guides 06.
Actuellement, le sanctuaire est fermé. Gil Florini, le recteur en charge de la Madone, avait de grands projets pour le sanctuaire : il voulait y faire construire un gîte, un restaurant... Mais le restaurateur du village a considéré que cela allait être de la concurrence déloyale et a déposé une plainte. Depuis, le dossier est toujours bloqué et le sanctuaire n'est ouvert que sur demande, regrette Marie-Hélène Passeron.
Apparition de la Vierge
La Madone d'Utelle fut fondée en l'an 850. La légende rapporte que plusieurs navigateurs espagnols ou portugais, perdus dans une tempête au large de Nice, aperçurent une lumière surnaturelle qui les dirigea vers la côte. De retour sur terre, ils décidèrent d'installer un oratoire au sommet de cette montagne salvatrice.
Le sanctuaire fut détruit, puis reconstruit en 1806 sous forme de chapelle et restauré au milieu du XXème siècle. Ce n'est que depuis 1936 qu'une route goudronnée permet d'y accéder en voiture.
Au niveau de la Madone, si on gratte le sol, on peut apercevoir de minuscules étoiles. " Soi-disant, c’était la vierge qui les aurait mis là, mais en réalité, ce sont des fossiles qui existent depuis des millions d’années", explique Marie-Hélène Passeron. Il s'agit de fossiles d’animaux marins, des Crinoïdes, proches parents des oursins. Ce qui signifie qu'il y a plusieurs millions d'années… La mer se trouvait à cet endroit.
Détour par le village
A l'allée ou au retour de la randonnée, on peut s'arrêter découvrir le petit village d'Utelle. Ce fut jadis un bourg important, prospérant grâce au commerce du sel puisqu'il se situait sur la route du sel ( pour en savoir plus, voir l'épisode sur le lac de Fenestre).
" Le sel arrivait en bateau au port de Nice puis les sacs étaient portés par des mulets jusqu'à Utelle avant de partir vers Chambéry ou Turin", raconte Marie-Hélène Passeron. " Devant certaines maisons, on voit encore des crochets pour peser le sel", décrit l'adjointe à la communication.
Si vous vous y rendez le 16 août, vous risquez d'être surpris par l'animation qui règne dans le village. C'est le jour du "Saut du Cepoum", tradition à laquelle les Utellois sont très attachés. " Pendant la guerre, les hommes mariés ont accusé les célibataires d'avoir abusé de leurs femmes quand ils étaient au front, c'est ce qui a donné naissance au jeu", raconte Marie-Hélène Passeron.
Le jeu consiste pour les jeunes hommes à essayer de faire passer un billot de bois, le Cepoum, en dehors du village : les hommes mariés les en empêchent en leur donnant de grandes claques dans le dos. " Aujourd'hui, c'est une tradition authentique, mais avant c'était vraiment un règlement de compte", s'amuse l'adjointe à la mairie.
Au bout d'une heure, le jeu s'arrête. Le billot est retourné et rempli d'une bombonne de vin payée par le dernier marié du village.
"Aujourd'hui, il n'y a plus beaucoup de jeunes à Utelle, mais ceux qui vivent à Nice ou Marseille reviennent exprès pour le Saut du Cepoum !", assure Marie-Hélène Passeron. Une tradition qui attire aussi de nombreux curieux.