Il est l’un des photographes du XXe siècle les plus illustres de sa génération. Les clichés en noir et blanc de Robert Doisneau dans les rues de Paris ont marqué les esprits. Mais ce génie de la photographie avait également immortalisé des univers bien différents. L’exposition au Musée de la Photographie de Nice vous surprendra jusqu’au 28 janvier 2024.
S’il est surtout connu pour ses clichés en noir et blanc dans les rues de Paris et sa banlieue d’après-guerre, l’exposition « Le merveilleux quotidien » vous apprendra qu’il aimait surprendre et être surpris en s’essayant à des types de photos bien différents.
Rendez-vous au Théâtre de la Photographie Charles Nègre à Nice qui dévoile le parcours artistique de Robert Doisneau des années 30 aux années 70.
Le monde que j’essayais de montrer était un monde où je me serais senti bien, où les gens seraient aimables, où je trouverais la tendresse que je souhaite recevoir. Mes photos étaient comme une preuve que ce monde peut exister.
Robert DoisneauInterview de Frank Horvat, « Entre Vues », 1990.
Les facettes de Robert Doisneau sont si nombreuses qu’il est difficile de résumer son talent en quelques phrases. Né en 1912 dans la banlieue parisienne de Gentilly au sein d’une famille bourgeoise, il étudie les arts graphiques et obtient son diplôme de graveur et de lithographe en 1929. Il est alors déjà dans les startingblocks de la gloire, mais ne le sait pas encore.
Son histoire ne fat que commencer.
« Il était un éternel émerveillé »
Son histoire peut se résumer en deux mots : talent et rencontres.
Il a 38 ans quand il fait la photo qui va changer sa vie. Depuis l’après-guerre, il travaillait régulièrement avec la presse américaine dont le magazine « Life ».
C’est en 1950 que ce dernier lui commande la photo qui fait le tour du monde « Le baiser de l’hôtel de Ville ». Une photo surprenante par sa beauté, sa netteté et surtout parce qu'elle avait été prise dans une époque où les baisers en public étaient plutôt mal perçus.
Son talent de photographe sera récompensé à diverses reprises : le prix Kodak en 1947 et par le prix Niépce en 1956.
Il a tellement sublimé la capitale que la mairie de Paris propose une ballade sur ses pas.
Robert Doisneau avait une véritable capacité à exploiter les situations inattendues et à en tirer toute leur valeur. Il était un éternel émerveillé, un photographe malicieux qui sillonnait les rues de Paris. C’est sur son terrain de jeu favori qu’il parvenait à saisir des photographies à l’instant T. D’autres clichés étaient mis en scène et il ne s’en cachait pas.
Stéphane Tallon, directeur du Musée de la photographie de Nice.
Pour lui toutes les scènes de la vie quotidienne avaient une importance. À travers son objectif, il savait déceler la beauté ou l’horreur au détour d’une rue, d’un trottoir ou devant un immeuble.
Comme un roman, cette exposition raconte l’histoire du Paris d’après-guerre jusqu’aux années 70 à travers 78 clichés, tous empreints de cette humanité et de cette simplicité qui caractérisait le photographe.
Du photographe à l’ethnologue
Après avoir photographié tout le sud-ouest, et multiplié les reportages photo, la réputation de cet amoureux du Périgord finit par dépasser les frontières. C’est en 1960 qu’il part réaliser un reportage pour « Fortune », un magazine américain consacré à l'économie. Pour cet amoureux du Périgord, ce sont de nouveaux horizons qui s’offrent à lui.
Les thèmes vont de la construction de golfs à Palm Spring au refuge des riches retraités américains dans le désert du Colorado. Il passe alors subitement du noir et blanc à une explosion de couleurs et se plonge dans l’opulence et l’artificiel.
Il nous offre dans son travail une fresque sociale de ce microcosme émergent de cette société américaine avec ce petit paradis construit de toutes pièces. Avec cet univers factice, il s’est illustré là où on l’attendait le moins.
Stéphane Tallon, directeur du Musée de la photographie.
Depuis le début de cette aventure photographique, les photos de Robert Doisneau sont reconnues par ses pairs et surtout par le public complètement fan de ce personnage sympathique et talentueux à l’œil toujours pétillant.
Infos pratiques :
Le Musée de la Photographie Charles Nègre est place Pierre Gautier :
À voir jusqu'au 28 janvier 2024. Ouvert tous les jours sauf le lundi (fermé le 25 décembre, 1ᵉʳ janvier).
Le musée : de 10h à 18h et la galerie : de 10h à 12h30 et de 13h30 à 18h.