À Nice, pour lutter contre le "surtourisme", on fait le pari de l'hôtellerie de luxe

Avant la fin de l'année 2024, plus d'un millier de chambres doivent ouvrir à Nice, principalement dans des établissements de 4 et 5 étoiles. Une dynamique vers le haut de gamme que Christian Estrosi justifie notamment par sa volonté de lutter contre le "surtourisme".

À Nice, des centaines de chambres d'hôtels ont récemment vu le jour au sein d'établissement de luxe alors que la saison estivale s'apprête à débuter. La ville souhaite orienter davantage son offre d'accueil vers le haut de gamme. Un moyen de lutter contre le surtourisme invoque le maire de la commune, Christian Estrosi. La Ville de Nice a par exemple encaissé en 2023, au titre de la taxe de séjour, plus de trois millions d'euros supplémentaires par rapport à l'année 2022.

Dans cette catégorie haut de gamme, les nouveaux venus s'annoncent nombreux. Rue Ségurane, après 26 mois de travaux, une boutique-hôtel propose 43 chambres sur cinq étages. Cet établissement 4 étoiles comporte des suites Deluxe, Prestige ou Junior, dont certaines s'étalent sur deux niveaux en mezzanine. Le tout avec un restaurant, un spa et un bar.

"Votre accueil est notre art, votre confort est notre travail" peut-on lire sur le site de cet établissement dont les chambres se négocient à plusieurs centaines d'euros la nuitée.

1200 chambres avant la fin de l'année

Le maire de la Nice, Christian Estrosi, affirme au micro de France 3 Côte d'Azur que cette dynamique vers le haut de gamme est un moyen de proposer des emplois plus qualitatifs à ses administrés, et de lutter par là même contre le surtourisme.

Je préfère offrir à un Niçois de condition modeste un emploi hautement qualifié, dans des établissements hautement qualifiés, qui accueillent de la belle clientèle, plutôt que de les laisser grandir dans une ville low-cost en quelque sorte, où nous serons envahis par le surtourisme.

Christian Estrosi, maire de Nice

France 3 Côte d'Azur

Pour Jean-Sébastien Martinez, le directeur général de Nice Côte d'Azur tourisme abonde dans le sens du premier édile niçois. "Ce que l'on souhaite, ce n'est pas forcément plus d'hôtels, mais du mieux hôtel, avec une offre plus qualitative et renforcée. C'est le cas cet été sur Nice."

L'aspect quantitatif n'est pas éludé par Jean-Sébastien Martinez. Plus d'un millier de chambres vont pouvoir accueillir une nouvelle clientèle avant la fin de l'année.

D'ici la fin de l'année 2024, ce sont 1200 chambres qui ouvrent sur Nice, 4 et 5 étoiles essentiellement.

Jean-Sébastien Martinez, directeur général de Nice Côte d'Azur

"La branche tourisme va céder"

L'Hôtel du Couvent, rue Honoré-Ugo, doit ouvrir le 20 juin. Annoncée il y a près de 10 ans, la transformation de ce lieu à haute valeur patrimoniale, datant du XVIIe siècle, a été confiée au groupe Perseus. Un chantier titanesque, mené sur quelque 7500 mètres carrés.

Contactée ce samedi 8 mai, Hélène Granouillac, ne voit pas d'un bon œil cette prochaine ouverture, tout comme cette ambition promue par les autorités municipales.

L'hôtel 5 étoiles du Couvent de la Visitation va générer des navettes non-stop dans un périmètre qui tend déjà au burn-out. Il faut stabiliser, ralentir pour ne pas périr.

Hélène Granouillac, élue écologiste

France 3 Côte d'Azur

L'élue écologiste au conseil municipal de la Ville de Nice et de la Métropole Nice Côte d'Azur l'assure : "La branche tourisme va céder sous le poids de la démesure". Et les raisons de cette cassure s'annoncent nombreuses si on en croit Hélène Granouillac car "ces choix de politique touristique locaux feignent de promouvoir un tourisme "de qualité", mais nous trompent".

Socialement ils altèrent, affectent la qualité de vie locale, participent à la gentrification des quartiers, créent des inégalités. Les commerces, restaurants locaux ne survivront pas au mirage. Ils deviennent inabordables pour les autochtones. Cela provoque un rejet. Christian Estrosi défend l'extension de l'aéroport, et un tourisme des "quatre saisons", "Winter is the new Summer", dommageables pour les écosystèmes marin, terrestre, pour la biodiversité qui doivent respecter leur cycle.

Hélène Granouillac, élue écologiste

France 3 Côte d'Azur

L'association Terre Bleue, que préside Hélène Granouillac, a d'ailleurs lancé une consultation en ligne sur le sujet, à destination du surtourisme.

Forte concurrence

À terme, cette montée en gamme d'une partie du parc hôtelier niçois va-t-elle connaître le même succès que d'autres offres azuréennes ? En Côte d'Azur, les palaces et autres 4 étoiles sont légion. Dans le golfe de Saint-Tropez, à Cannes, Antibes, au Cap-Ferrat ou encore à Monaco...

La compétition la plus proche, et la plus féroce, se trouve à peine à quelques kilomètres de Nice, en principauté.

Le Groupe Monte-Carlo Société des bains de Mer, qui possède hôtels, boutiques et casino, a clôturé son exercice financier 2023-2024 par un nouveau record de croissance. Le chiffre d'affaires a augmenté de plus de 6% pour s'établir à 704 millions d'euros. Le précédent exercice avait déjà atteint des niveaux historiques, avec 667 millions d'euros.

Si le tourisme de luxe a le vent en poupe dans les Alpes-Maritimes, Nice compte bien hisser les voiles pour concurrencer d'autres azuréennes. Et de compter sur un atout majeur : la plus grande ville des Alpes-Maritimes possède déjà plus de 40% des chambres d'hôtel du département.

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