Moins de 24 heures après son inauguration, la plage flottante Canua Island concentre déjà les foudres de 21 maires de la Région Sud. Nice, Théoule-sur-Mer, Villeneuve-Loubet, Saint-Tropez ou Roquebrune-sur-Argens ne veulent pas de la barge évènementielle au large de leurs côtes.
Après de longs mois de polémique politique et de recours judiciaires, Canua Island, ce trimaran aménagé en plage flottante pouvant accueillir 350 personnes, a été inauguré ce jeudi 16 mai, au large de Mandelieu-La Napoule.
À cette occasion, son concepteur cannois, Marc Audineau, nous assurait que pour cette première saison en Méditerranée, ""nous irons là où nous avons le droit de mouiller tout en respectant la réglementation pour les bateaux de plus de 24 mètres".
Conforté par un avis du Conseil d'État en décembre 2023, Canua Island a certes le droit de son côté. Mais devra composer avec l'assentiment farouche d'au moins 21 maires de communes littorales des Alpes-Maritimes et du Var. Tous estampillés "maires de la région Sud", ces élus signent ce vendredi une tribune commune pour signifier leur "opposition à la structure flottante Canua Island".
Extrait de la tribune :
"Cette activité ne peut que générer des nuisances qui impacteront gravement l’intégrité du milieu naturel et affecteront la faune et la flore sauvage : ondes sonores aquatiques et aériennes, trafic permanent de navires à moteur pour le transport des clients et du personnel, luminosité artificielle nocturne, etc.
Le risque de pollution due à la collecte de déchets, à la récupération des eaux grises et noires, à l’approvisionnement, aux activités offertes à bord et aux aléas de la météo ne peut être écarté.
(...)Cette exploitation commerciale du milieu marin s’oppose directement aux engagements de nos communes du littoral méditerranéen signataires de la Charte du Sanctuaire PELAGOS pour assurer une protection maximale aux mammifères marins, des chartes « Zéro déchet plastique » et de la « Charte d'engagement pour des plages de caractères en Méditerranée ».
Elle crée aussi des distorsions économiques inacceptables vis-à-vis des établissements de tourisme ouverts toute l’année et qui sont soumis à des régimes de taxation qui entravent leur fonctionnement et leur développement."
Maires ayant signé cette tribune :
- Dans les Alpes-Maritimes :
Christian ESTROSI (Nice), Georges BOTELLA, (Théoule-sur-Mer), Joseph SEGURA (Saint-Laurent-du-Var), Lionnel LUCA (Villeneuve-Loubet), Patrick CESARI (Roquebrune-Cap-Martin).
- Dans le Var :
François de CANSON (La Londe-les-Maures), Jean-Paul JOSEPH (Bandol), François ARIZZI (Bormes-les-Mimosas), Arnaud LATIL (Carqueiranne), Jean-Pierre GIRAN (Hyères), Bernard JOBERT (La Croix-Valmer), Hervé STASSINOS, (Le Pradet), Jean PLENAT (Rayol-Canadel-sur-Mer), Roland BRUNO (Ramatuelle), Jean CAYRON (Roquebrune-sur-Argens), Gilles VINCENT (Saint-Mandrier-sur-Mer), Sylvie SIRI (Saint-Tropez), Daniel ALSTERS (Sanary-sur-Mer), Jean-Sébastien VIALATTE (Six-Fours), Josée MASSI (Toulon), Gil BERNARDI (Le Lavandou).
Renaud Muselier, le président de la Région PACA, est également signataire, premier nom à apparaître dans la liste.
Ces élus n'ont visiblement pas été convaincus par les arguments des responsables du projet, présentant Canua Island comme "le navire le plus écoresponsable, décarboné, écologiquement bien au-dessus des standards pratiqués".
Cette fronde collective ne va faciliter la première saison d'exploitation de Canua Island. Depuis La Seyne-sur-Mer, son port d'attache, l'île flottante devrait naviguer et jeter l'ancre au gré de ses privatisations, mariages, anniversaires, séminaires.
Mais ce combat des maires ne peut être que politique, juridiquement la présence de la barge au-delà de la bande des 300 mètres leur échappe au profit de l'État, lui-même débouté par la justice.