Pascale Pascariello avait permis de remettre en cause la version officielle des faits, notamment grâce à l'exploitation des vidéos de surveillance, démontrant que la violence de la charge policière avait causé la blessure de Geneviève Legay à Nice. Elle a refusé de dévoiler ses sources.
Une audition d'1h30, pour tenter de démêler "l'affaire Geneviève Legay", mais surtout pour tenter "d'intimider", selon Pascale Pascariello. "Nous trouvons cette procédure inacceptable, c'est incroyable de mettre autant de moyens pour traquer les journalistes et leurs sources," s'est-elle insurgée au téléphone. "C'est totalement disproportionné ! D'autant que l'autre enquête, sur les faits eux-mêmes, n'avance pas, alors que tous les responsables sont clairement identifiés."
La journaliste de Mediapart était convoquée mardi 26 mai à Paris par l'IGPN dans le cadre de l'enquête sur les violences policières lors d'un rassemblement interdit de "gilets jaunes" à Nice. Elle est poursuivie pour recel de violation de secret professionnel.
"C'est la quatrième fois en moins de 18 mois que la justice essaye de s'en prendre aux sources de Mediapart à la suite d'enquêtes embarrassantes pour l'exécutif",
indique le média en ligne sur son site. Et selon Pascale Pascariello, une preuve supplémentaire que les autorités ont érigé un mur de déni concernant les violences policières, au moment où la polémique fait rage autour des propos de la chanteuse Camelia Jordana.
L'affaire remonte au 23 mars 2019, lors d'un rassemblement de gilets jaunes place Garibaldi à Nice.
Le procureur, Jean-Michel Prêtre, a depuis été muté à Lyon, fin 2019.
Pour la journaliste Pascale Pascariello, "le but de cette manœuvre est de donner toute latitude à la police pour rechercher l'auteur principal du délit dont nous serions les receleurs, c'est-à-dire nos sources".
Elle dénonce "un climat de pression sur notre profession et d'intimidation vis-à-vis de nos sources". "Tous les journalistes doivent se sentir visés, ce sont des attaques directes contre la liberté de la presse. J'ai la chance d'être dans un rédaction qui m'entoure, mais je pense à d'autres journalistes, aux indépendants. Cette pression est vraiment dangereuse et néfaste."