Partie civile dans l’instruction sur le dispositif de sécurité du 14 juillet 2016, l’association d’aide aux victimes de l’attentat de Nice n'a pas accès au dossier. L'audition prévue ce jeudi est reportée au 11 décembre prochain.
Le rendez-vous était fixé ce jeudi à 9h30, au palais de justice de Nice.
Pour la première fois depuis l'ouverture de l'instruction dite "de Nice" relative au dispositif de sécurité le soir du 14 juillet 2016, la juge Chantal Russo devait rencontrer la partie civile "Promenade des Anges", représentée par plusieurs membres de son conseil d'administration. Ce rendez-vous est reporté au 11 décembre prochain. Le report serait justifié, selon le communiqué de l'association, par l'état de santé de la magistrate.
Thierry VIMAL est coprésident de l'association Promenade des Anges. Il a perdu sa fille mors de ce drame.
Le sentiment d'être méprisé par la justice
Dans un comuniqué, Thierry Vimal ne mâche pas ses mots.Si nous sommes conscients des difficultés créées par le contexte sanitaire, nous conservons tout de même le sentiment d'être menés en bateau. Il y a deux ans, nous avions obtenu du juge Chemama la promesse d'une réunion de toutes les parties civiles. À son départ, la juge Russo a fait savoir que cette réunion "n'était plus envisagée", sans donner davantage d'explications. 86 morts, 450 blessés, 30 000 personnes ciblées, 11 repérages du camion... Nous, victimes de l'attenant de Nice, avons le sentiment d'être méprisés par la Justice. Et à l'égard des victimes étrangères, nous éprouvons un sentiment de honte de la justice de notre pays.
L'accès au dossier : un long combat
L’association souhaite depuis plusieurs années accéder aux éléments de la procédure pénale, pour travailler sur le dossier. Mais Chantal Russo, la juge en charge de l’instruction, a refusé un premier temps cette demande, considérant que : « des investigations importantes sont toujours en cours et qu’eu égard à la nature « hors norme » des faits dont l’impact reste prégnant, il importe que l’information judiciaire se poursuive dans un cadre serein sans risque de pression […] ».Comment oser parler de pression de la part des victimes de l’attentat ?
Pour l’avocat de l’association, rien ne justifie cette décision. « On peut comprendre un refus de ce type s’il y a la crainte qu’une partie exerce des pressions sur les mises en cause ou sur les témoins. Mais en l’espèce, comment oser parler de pression de la part des victimes de l’attentat ? », réagit Maître Jérémie Assous.
« Cette motivation témoigne du mépris avec lequel la justice traite les parties civiles, s’insurge dans un communiqué l’association Promenade des Anges. Au contraire, nous devrions être associées à l’œuvre de justice, qui devrait nous permettre d’accéder directement au dossier, sans nous faire courir le risque de ne disposer que d’informations parcellaires. »Pour l’association, la décision passe d’autant plus mal que la Ville de Nice a obtenu l’autorisation du juge d’accéder aux éléments de la procédure, en mai 2019.
Autre sujet de désaccord pour l’association : le tribunal avait ordonné en mai 2019 une expertise dont l’objet est de faire la lumière sur les conséquences de la présence de plots en béton sur la trajectoire du camion. La date de dépôt du rapport, initialement fixée au 21 janvier, est reportée au mois de juin 2020, « soit postérieurement aux élections municipales », souligne l’association. « Cette expertise est un simple calcul mathématique. Son report est scandaleux, les membres de l’association le vivent comme quelque chose d’extrêmement irrespectueux », souligne Maître Jérémie Assous.Les membres de l’association le vivent comme quelque chose d’extrêmement irrespectueux.
L’association Promenade des Anges a fait appel de ces deux décisions de justice. Contacté, le Procureur de Nice, Xavier Bonhomme, ne souhaite pas s’exprimer sur le sujet.