À Nice, une association,"Nos Tout Petits", accompagne les familles qui viennent de perdre un bébé et forme les professionnels de santé. Ce 15 octobre, c'est la Journée mondiale de la sensibilisation au deuil périnatal, un sujet qui reste encore tabou et dont on parle peu.
Dans le ciel de Nice, des colombes blanches se sont élancées ce dimanche 13 octobre, du parc Chambrun. Comme chaque année, l'association Nos Tout Petits de Nice a fait son traditionnel lâché. "Un symbole fort, de pureté et de vie, mais aussi un moment de partage pour toutes les familles qui ont connu un deuil périnatal", atteste la présidente de l'association, Astrid Gunthardt.
Voilà 12 ans que cette association niçoise a été créée, à la suite d’un événement tragique. En 2011, Astrid Gunthardt et sa famille perdaient leur bébé, après seulement cinq jours de vie en réanimation néonatale.
Accompagner et former
Avec ses proches, elle a vécu ce qu’on appelle un deuil périnatal, « c’est quand un bébé meurt lors de la grossesse, de l'accouchement ou quelque temps après », explique-t-elle. "On était dans un grand trou noir, complètement déboussolés et désorientés. Ce sujet était tabou, c'est émotionnellement très lourd et les professionnels de la santé n'étaient pas formés à cela."
C'est pour éviter ces situations qu'elle a mis en place l'association. Chaque année, 7 000 familles sont touchées par ces deuils. Selon un recensement de la région, 200 bébés sont concernés dans les Alpes-Maritimes et à Monaco.
Aujourd'hui, l'association : "accompagne les familles, informe et forme les soignants en gynécologie, néonatalogie etc. et sensibilise le grand public."
La particularité de cette dernière, constituée de 19 personnes, c'est qu'elle est constituée à la fois de parents et de soignants professionnels.
Perdre un bébé, ce n'est pas une petite perte, mais c'est une personne à part entière qu'on perd.
Astrid GunthardtLa présidente de l'association Nos Tout Petits de Nice
Des groupes de parole entre famille ou en individuel ou en collectif sont par exemple organisés pour accompagner gratuitement et au mieux les proches tous les mois à Cagnes-sur-Mer. Le prochain a lieu ce 17 octobre à la clinique Saint-Jean.
Elle explique : "on propose différents accompagnements dans le temps et tout le monde est le bienvenu, Interruption volontaire de grossesse, intervention médicalisée de grossesse, mort subite, décès d'une maladie..."
L'association répond aussi au téléphone ou sur les réseaux sociaux pour répondre aux questionnements après le décès d'un bébé.
Des formations payantes sont aussi proposées aux professionnels de la santé en pédiatrie, maternité, aide-soignante, médecin, généralistes...
Un sujet encore tabou
Depuis quelques années, il y a des avancées. En 2020, l'Assemblée nationale votait pour allonger le congé des parents, d'un deuil périnatal de 5 à 12 jours.
Pourtant, le sujet est encore largement tabou.
Astrid Gunthardt atteste : "le deuil périnatal, c'est lié à la mort, et dans notre société, et notre culture et particulièrement dans le Sud, c’est toujours un tabou. C’est un sujet qu’on ne maîtrise pas."
Elle ajoute : "les parents sont dans la fleur de l'âge et il est rare qu'ils aient déjà vu quelqu'un de proche mourir, ce n'est pas non dans l'ordre des choses que son bébé trouve la mort, c'est injuste, c'est aussi le deuil du futur."
Ce que je rêve, c'est que le deuil prénatal ne soit plus tabou, de pouvoir être entendu. On va vers un meilleur. c'est un sujet qui devient entendable.
Astrid GunthardtLa présidente de l'association Nos Tout Petits de Nice
De nombreux parents qui perdent leurs bébés ne se sentent toujours pas reconnus par la société dans ce statut de parent et se sentent incompris, dans une grande solitude.