Témoignage. "Cette exposition fait partie de ma reconstruction" : les confidences de Sarah Abitbol, ancienne championne de patinage artistique victime de violences sexuelles

Publié le Mis à jour le Écrit par Marianne Leroux

À l'occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, ce samedi 25 novembre, Sarah Abitbol inaugurera son exposition "Cri d'alerte" à Nice. Elle est présente ce soir à la projection du film "Le Consentement" et dénonce les violences dans le sport. Entretien.

Ce week-end sera placé sous le signe de la lutte contre les violences faites aux femmes à Nice. À cette occasion, jusqu'au dimanche 26 novembre, plusieurs bâtiments de la ville s’illuminent en orange, tel que le parvis de l’Hôtel de Ville, le Negresco, la serre du Parc Phoenix et la Tour Bellanda.

La Ville organise plusieurs évènements auxquels Sarah Abitbol est conviée comme la projection du film Le consentement de Vanessa Filho, vendredi 24 novembre à 18h45 au Pathé Gare Sud et évidemment l'inauguration de son exposition de photographies samedi 25 novembre, à 11h sur la promenade des Anglais.

Sarah Abitbol, ancienne championne de patinage artistique, violée par son entraîneur de ses 15 à 17 ans, avait sorti un livre en 2020, Un si long silence, qui a permis la libération de la parole sur les violences sexuelles dans le monde du sport. Elle a accepté de répondre aux questions de France 3 Côte d'Azur.

France 3 Côte d'Azur : quelle est la genèse de cette exposition itinérante ?

Sarah Abitbol : Je voulais transmettre un message d'espoir adapté à tous les publics, que ça ne soit pas violent. J'en ai parlé avec mon metteur en scène d'Holiday on Ice. L'idée d'une exposition de photos est arrivée très rapidement. Je me suis donc lancée et je me suis intéressée au travail de Tom Bartowicz, photographe de publicités notamment. On a beaucoup échangé, il était totalement imprégné par mon histoire, il a lu mon livre deux fois. Je lui ai laissé carte blanche et on a validé les photos ensemble. C'est un véritable travail d'équipe. On voulait une exposition belle, intelligente et qui parle d’elle-même sans expliquer quoi que ce soit.

Comment s'est fait le choix des photographies ?

En premier lieu, on a réfléchi aux sports les plus touchés par les violences : patinage, football, tennis, escrime, karaté, natation... Puis un casting a été fait pour choisir les différents mannequins présents sur les photos. Tom m'a ensuite proposé de magnifiques choses. Il faut savoir qu'il n'y a aucun effet, on n'a pas fait appel à de l'intelligence artificielle par exemple.

Tout est vrai. Je l'ai laissé faire sur le terrain. Et nous avons choisi de mettre des phrases fortes sous chaque photographie. Celle qui me tient le plus à cœur évidemment c'est celle où j'apparais avec mes trophées, elle est accompagnée par la phrase "Ma plus grande victoire, c'est d'avoir parlé". Chacun peut avoir sa propre interprétation des photos.

Quel est le message ? 

À travers cette exposition, je voulais alerter, prévenir, soutenir, avec l'aide de mon association La Voix de Sarah. Elle s'appelle Cri d'alerte parce que pendant longtemps, j'étais dans mon silence. Mais ce silence s'est transformé en un cri public avec mon livre, d'abord, puis cette exposition qui existe maintenant depuis presque un an. Le but, c'est de sensibiliser les gens dès le plus jeune âge. Ces photos s'adressent à tout le monde. Et si ça peut faire bouger les choses, détecter des comportements, j'en serais ravie. Quand j'ai découvert l'exposition pour la première fois au Ministère des Sports en janvier dernier avec la présence de Brigitte Macron, j'avais les larmes aux yeux. Ça représente beaucoup d'émotion pour moi, une certaine fierté et ça fait partie de ma reconstruction progressive. Voilà un an qu'on fait le tour des universités, des hôpitaux, des instituts de sport... On espère intervenir dans les écoles, les collèges, les patinoires à l'avenir.

Pourquoi avoir choisi Nice pour cette journée internationale ?

On est beaucoup sollicité, c'est très agréable. Mais le choix de Nice, c'était particulier. Cet été, j'étais en vacances sur la Baie des Anges et j'ai rencontré quelques personnes de la mairie qui m'ont proposé d'organiser mon exposition dans la ville.

J'avais l'idée de la faire sur la promenade des Anglais, mais avec les attentats, c'était peut-être compromis, mais au final ça va se faire ainsi. J'en suis très heureuse. Nice est une ville qui m'a porté chance, les championnats du monde en 2000 étaient organisés au palais des expositions Acropolis et j'ai été troisième. C'est ma ville de cœur. J'aimerais bien m'y installer un jour.

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