"Il n'a aucune pudeur et aucune décence" : le maire de Grenoble reproche à Christian Estrosi d'avoir relayé une fausse information

Tout est parti d'un message de Christian Estrosi sur X (ex-Twitter) reprochant au maire de Grenoble d'avoir qualifié de "balle perdue" le tir volontaire qui a coûté la vie à un agent municipal de sa ville ce dimanche. Eric Piolle dénonce des propos tronqués, relayés par CNews et repris par le maire de Nice. Il annonce vouloir saisir l'Arcom.

Christian Estrosi a-t-il "tweeté plus vite que son ombre", comme le lui reproche Eric Piolle, maire écologiste de Grenoble ? Au lendemain de la mort d'un agent municipal de la cité iséroise, intervenu sur un accident de la route, et abattu froidement par un des conducteurs impliqués dans l'accident, le maire de Nice publie ce tweet :

Une phrase sortie de son contexte

"Balle perdue" : Eric Piolle a bien utilisé cette expression lors d'une conférence de presse le jour même du drame, dimanche 8 septembre, mais dans un tout autre contexte. Interrogé par une journaliste sur le trafic de drogue dans sa ville, il répond :

Personne n'est à l'abri d'une balle perdue, et c'est notre peur quotidienne dans les règlements de compte (...) mais là il se trouve que c'est un sujet totalement déplacé, décalé, puisqu'il s'agit d'un accident de la circulation.

Eric Piolle, maire de Grenoble (EELV)

Invité le lendemain dans la matinale de RMC-BFMTV, Christian Estrosi renchérit :

Tout le monde sait qu'Eric Piolle est un maire qui n'est pas forcément sécuritaire, autoritaire, il ne parle que de prévention.

Christian Estrosi, maire de Nice (Horizons)

Eric Piolle veut saisir l'ARCOM

Ce mardi matin, c'est Eric Piolle qui répondait aux questions d'Apolline de Malherbe, et il n'a pas mâché ses mots à l'égard du maire de Nice, qui, regrette-t-il, "n'a même pas réussi à faire amende honorable".

Monsieur Estrosi, c'est pas la première fois. Vous savez qu'après les attentats de Paris, il avait accusé Anne Hidalgo de n'avoir rien fait sur la sécurité, et il avait plastronné en disant qu'à Nice ça ne pouvait pas arriver grâce à tous les dispositifs qu'il mettait. Six mois plus tard nous étions tous à ses côtés quand Nice a été frappé d'attentats terroristes (...) donc il n'a aucune pudeur et aucune décence, y compris dans cette période de deuil

Eric Piolle, maire de Grenoble (EELV)

Le maire de Grenoble reproche à Christian Estrosi d'avoir "twitté sur des bandeaux des chaînes de Bolloré qui racontent n'importe quoi". Il a décidé de saisir l'Arcom pour diffusion de fausses informations.

Deux visions radicalement différentes

Derrière cette polémique, se cachent deux visions radicalement différentes : celle, très sécuritaire, de Christian Estrosi, qui a doté sa ville de plus de 4000 caméras et dont la police municipale est armée. Et celle d'Eric Piolle, dont la ville Grenoble compte 118 caméras, et qui refuse toujours d'armer ses policiers,  "pour ne pas les exposer à des missions qui ne sont pas les leurs, et à des risques que je ne suis pas prêt à prendre pour eux" a-t-il déclaré au lendemain du drame. 

Dans son interview polémique, Christian Estrosi a d'ailleurs raconté cette anecdote : "Lorsqu'il [Eric Piolle, NDLR] a été élu, il avait même dit : vous savez,  moi je vais faire démonter toutes les caméras de ma ville, et les envoyer à Estrosi puisqu'il adore les caméras"

Nous avons retrouvé cette interview, accordée à  France 3 Alpes le 31 mars 2023 : 

durée de la vidéo : 00h00mn14s

En mars 2014, Eric Piolle proposait, sur le ton de la plaisanterie, de revendre les caméras de sa ville, Grenoble, à Christian Estrosi • ©France 3 Alpes

Une déclaration faite sur le ton de l'humour. Au final, non seulement le maire de Grenoble n'a pas enlevé les 18 caméras recensées en 2014, mais il en a installé une centaine de plus.