Paniers repas, masques artisanaux, aide à l'équipement informatique ou tout simplement petit coup de main. L'association "Partage ton talent" se démultiplie pour essayer de soulager les personnes les plus démunies en cette période de confinement dans le quartier des Moulins à Nice.
Isolé, bouclé, coupé du monde. En période de confinement, cette description, chacun s'y retrouve un peu. Mais dans un quartier populaire comme celui des Moulins à Nice, forcément, tout est plus marqué, plus compliqué, plus difficile à vivre.
"Nous sommes sur le terrain. Tout ce qu'on veut faire c'est aider un peu," confie Abdelhakim Madi.
Et quand il aide, ce n'est pas qu'un peu.
A tout juste 19 ans, il a déjà une solide expérience : il a fondé "Partage ton talent", son association, le 19 mai 2019. Et s'apprête à fêter un drôle d'anniversaire ! Plus de réunions ou d'assemblées de quartier, du moins avant un certain temps... Et un besoin impérieux d'aider.
"Au tout début on a proposé aux personnes qui avaient besoin d'un petit coup de main d'accrocher un tissu rouge à leur balcon," confie le jeune homme. "On compte aussi beaucoup sur le bouche à oreille, les réseaux sociaux..." Et les idées fleurissent.
Une dizaine de projets, modestes mais concrets
Car pour lui, hors de question de rester les bras croisés. Avec les membres de son association, ils se sont lancés une série de défis.Une dizaine de petits projets concrets, au plus près des besoins de la population des Moulins. L'achat de masques est problématique ? Deux couturières de l'association proposent leurs services. Le supermarché local fournit les élastiques, les pharmacies la gaze, les tissus sont récupérés ou achetés et voilà "Partage ton talent" en mesure de distribuer 80 masques dans le quartier.
Liste non exhaustive
Isolement des personnes âgées ou fragiles ? L'association organise des colis alimentaires, propose son assistance pour faire les courses, a investi dans plusieurs kilogrammes de croquettes animales... Abdelhakim a même mis en place un service de portage de livres à domicile. "Les médiathèques sont fermées, certaines personnes n'ont pas la télévision et encore moins internet. Alors que la Recyclerie a un stock de 450 livres..." Effectivement : c'est du bon sens.Aux Moulins, beaucoup de personnes âgées n'ont même pas la télévision. Confinées, elles sont coupées du monde.
Une série de petits gestes qui, additionnés, font boule de neige, pour aider là où c'est possible. Dernier exemple en date : les chocolats de Pâques, que l'association avait récupéré pour la grande chasse aux œufs, menaçaient de ne servir à rien, pour cause d'annulation de venue des cloches. Qu'à cela ne tienne : les membres de l'association ont joué aux lapins de Pâques et ont doté 80 enfants du quartier en chocolat.Et la liste continue : service d'impression des attestations de sortie pour ceux qui n'ont ni smartphone ni imprimante chez eux, en partenariat avec les pharmacies, un petit déjeuner offert une fois par semaine aux personnes engagées sur le terrain, comme les salariés de la Recyclerie ou les pharmaciens, justement...
En ce moment même, des panneaux sont affichés par l'association dans les halls des immeubles pour essayer de toucher encore plus de personnes, et d'inviter à faire appel à la solidarité des uns et des autres.
Toute l'année, Abdelhakim Madi encourage la créativité et la citoyenneté des jeunes de son quartier à Nice.
Nous l'avions rencontré en février dernier. Le tout jeune comédien (il fait ça aussi !), qui a fait la première partie d'Ahmed Sylla, profite de sa notoriété pour passer des messages aux jeunes :Confinée, l'humanité peut aussi se révéler. Avec tout ça, on ne lui a même pas demandé des nouvelles de son baccalauréat...