Le confinement change les modes d'approvisionnement des consommateurs. Dans toute la région les formules de circuits courts connaissent un vrai printemps. Changements durables ou éphémères ?
Les circuits courts ont le vent en poupe.
A Avignon l'association "Dans la place" regroupe des riverains proche de la place de la 1re armée. Mardi dernier ils ont effectué une première distribution de 10 paniers, composés avec 6 producteurs bios et locaux (légumes, fruit, fromages, produits transformés comme des patés, des jus, des coulis ou des soupes). Ils pourront servir jusqu'à 30 paniers et se sont organisés en drive fermier.
A Marseille, les Paniers Marseillais reçoivent des appels tous les jours pour leurs paniers bio.
A Cagnes-sur-Mer, le maraicher Dominique Norgiolini a vu la demande doubler depuis le début du confinement entre ses Amap (Association de Maintien de l’Agriculture Paysanne , un système d’abonnement solidaire auprès d’un agriculteur) et la vente au jardin des Asclépiades, sa ferme de près d'un hectare: "Si les bénévoles n'étaient pas venus nous donner un coup de main on n'aurait pas pu s'en sortir !" dit il.
A Gap, Echanges Paysans développe la formule, dans sa ferme de Mazaugues, Bruno Cayron qui approvisonne habituellement les grands chefs parisiens dépose également des paniers en point relais à Aix en Provence.
Plusieurs raisons motivent cet engouement : Une crise sanitaire d’origine alimentaire interroge toujours sur ce que l’on mange et d’où cela vient. C’est le syndrome de la soupe au pangolin.
S’approvisionner localement avec des produits bios limite les manipulations entre des mains inconnues, sécurise la provenance et la qualité d’autant plus que tous ces acteurs montrent et expliquent comment appliquer les bonnes pratiques pour respecter les barrières sanitaires.
Organisés la plupart du temps en drive ces temps ci pour limiter les contacts, ces circuits permettent aussi de gagner du temps et de parer à l’essentiel : l’absence de choix dans la composition du panier qui était hier un obstacle à l’envie, se révèle la garantie de la diversité et de l’efficacité.
Hier cuisiner des produits bruts semblait insurmontable et chronophage, aujourd’hui on a le temps !
Au total les agriculteurs bios de la région réussissent la plupart du temps à compenser la fermeture des marchés de plein air et à trouver des débouchés pour leur production. Lorsqu’un canal de distribution comme la restauration scolaire ou le marché de producteurs s’est fermé, un autre s’est ouvert, souvent également grâce à la mobilisation des citoyens qui en un temps record ont su faire preuve d’imagination, tout en recréant du lien avec leur voisins agriculteurs qu’ils redécouvrent.
Et pourtant ça n’est pas toujours simple d’obtenir les autorisations de développer une nouvelle activité, dans un cadre aussi contraint que celui imposé par l’urgence sanitaire du moment.
Aux Paniers Marseillais parmi les 30 points de distribution du réseau, certains se trouvent dans des centres sociaux de la ville qui sont pour l’instant fermés. Les bénévoles se retrouvent donc avec leur maraicher sur la voie publique, et même si le préfet des Bouches du Rhône a confirmé que les distributions en Amap ne sont pas des marchés ouverts (qui sont eux interdits) et qu’en respectant les contraintes sanitaires les amap pouvaient poursuivre les distributions, il faudrait également, pour être en totale conformité, une autorisation d’occupation temporaire de l’espace public de la ville !
Depuis des semaines, Olivier Pardoux un des administrateurs bénévoles des Paniers Marseillais passe sont temps au téléphone pour répondre, sur fond de guerre d'influence des services, aux différentes demandes en espérant chaque jour l'arrivée de l'autorisation : "J'espère que nous réussirons à l'avoir avant la fin du confinement."
Difficile pour l’administration de pouvoir répondre sur le champ à des citoyens qui ont pourtant besoin de pouvoir continuer à se nourrir tout de suite !
A France 3 Provence-Alpes, siège de la distribution du Panier Marseillais de Chanot, le jeudi soir devant la télé, le groupe a fait l’objet d’un contrôle de police. Les fonctionnaires ont appliqué la réglementation avec discernement et ont surtout veillés à ce que les gestes barrières soient bien respectés.
Les professionnels de l’agriculture biologique de la région ont également mis en place une structure pour aider au maintien et au développement des circuits courts pendant la crise : http://inpact-paca.org/actions-covid-19.
Ils ont également travaillé avec la région à l’établissement d’une carte : https://www.maregionsud.fr/alimentation-locale.
Tandis que France 3 propose un outil collaboratif :
Mais au-delà de la mobilisation temporaire qui vise à garder un circuit d’approvisonnement efficace, tous se pose la question de l’après !
S’agit-il d’un mouvement conjecturel qui s’éteindra lorsque la foule pourra à nouveau pousser son caddie sans crainte dans les rayons des supermarchés pour acheter de l’ail d’argentine, où la situation s’est-elle accompagnée d’une prise de conscience plus profonde qui modifiera les comportements à long terme ?
Chacun a le temps de réfléchir au monde d’après, c’est le moment de le préparer !