Les ministres Dussopt et Darmanin ont précisé le contour d'un projet de loi qui sera débattu au Parlement en 2023, et qui faciliterait l'attribution des titres de séjour pour des secteurs d'activité en tension. Les syndicats azuréens de l'hôtellerie et de la restauration accueillent à bras ouverts la nouvelle.
Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, et Olivier Dussopt, ministre du Travail, du Plein-emploi et de l’Insertion, ont livré quelques détails sur le projet de loi concernant l'immigration qui doit être débattu au Parlement dans quelques mois.
Dans cet entretien au quotidien Le Monde, la création d'un "titre de séjour métiers en tension" est envisagée pour faciliter la régularisation de personnes en situation irrégulière mais aussi pour favoriser l'emploi dans des secteurs d'activité bien spécifiques.
Sur la Côte d'Azur, un secteur en particulier peine à recruter, et pas n'importe lequel, celui de l'hôtellerie et de la restauration. Une clé de voûte de l'économie azuréenne dans cette place forte du tourisme européen.
14.000 postes de CDI non pourvus dans la zone sud-est
Les chiffres parlent d'eux-mêmes, et le secteur de l'hôtellerie et de la restauration, dans les Alpes-Maritimes et le Var, a appris à faire avec.
Christophe Souques est le vice-président de l'UMIH 06, l'organisation syndicale qui regroupe des milliers de professionnels maralpins. Cette problématique de recrutement, il la connait parfaitement. "Cette année, nous sommes allés recruter tous ceux qui avaient la moindre volonté de travailler. Nous sommes la plupart du temps obligés d’aller chercher ailleurs en France, en Europe, et parfois plus loin pour trouver des personnels" explique celui qui est par ailleurs restaurateur.
Il nous manque encore aujourd’hui 14.000 postes CDI sur la zone sud-est. Il nous a manqué à Nice, particulièrement, plus de 2000 saisonniers. Le problème n’est toujours pas réglé. Les saisonniers que l’on a pu embaucher, ont masqué un petit peu les manques de CDI, et là, tout le monde a un peu peiné car la saison s’est prolongée. Beaucoup de saisonniers ont arrêté de travailler, car ils rentrent à l’université ou reprenaient d’autres activités, et nous étions en souffrance de personnels en fin de saison (estivale, ndlr).
Christophe Souques, vice-président de l'UMIH 06
Des milliers de postes en souffrance, c'est le constat effectué dans notre région qui reste "la deuxième zone touristique de France, et l’une des premières d’Europe", souligne le professionnel niçois.
"On aura toujours le même problème tant que l’on ne pourra pas aller recruter plus loin", c'est pourquoi "nous accueillons très favorablement cette idée" affirme Christophe Souques, quand on évoque avec lui la création d'un titre de séjour "métiers en tension" - comme l'ont nommé les deux représentants du gouvernement interrogés par Le Monde.
Même constat dans le Var
Le président de l'UMIH 83, dans le Var, Jean-Pierre Ghiribelli abonde en ce sens. Malgré les très bons résultats de la saison estivale passée, beaucoup d'entreprises du secteur qu'il représente éprouvent des difficultés lorsque l'on aborde l'aspect des ressources humaines.
Dans ce département, environ 80% des entreprises qu'il représente sont des structures familiales, ou à taille humaine. Et environ 10% appartiennent à des grands groupes.
Faciliter l'attribution des titres de séjour devient impératif pour certaines d'entre elles. "Nous y sommes tout à fait favorables, personne ne veut travailler. Or, il y a des gens qui veulent travailler, et même s’ils sont en situation difficile, nous sommes très favorables à les régulariser. C’est un peu malheureux d’en arriver là avec tous les chômeurs professionnels qu’il y a en France" déplore le président varois.
Le texte présenté au Parlement au premier semestre 2023 permettra aussi d'aider de limiter les autorisations administratives à chaque fois qu'ils changent de contrat. Une surcharge de travail pour ce type de formulaire, qui reste à la charge de l'employeur.