A Nice, la pratique du "no show" fait trembler le monde de la restauration

Une tribune signée par plusieurs restaurateurs rappelle que ne pas honorer sa réservation, sans prévenir, met en danger les établissements. En pleine saison touristique, le "no show" est un fléau !

Quoi de mieux que de réserver une table au restaurant entre amis ? Et bien, pour le patron c'est encore mieux si vous y pointez le bout de votre nez.

Les lapins posés dans la restauration sont un phénomène courant et très agaçant. Le "no show", comme on l'appelle dans le jargon de ce milieu, traduit le fait de ne "pas honorer" ses réservations. Cette pratique met en péril les restaurants.

Au bistrot Dalpozzo, dans le centre-ville niçois, une table est restée vide plusieurs heures ce soir-là. Pourtant dessus, trônait fièrement l'écriteau "réservé". En débarrassant les assiettes, une des serveuses confie : "c'est souvent comme ça, ça devient presque une habitude. Les clients réservent dans plusieurs endroits et choisissent au dernier moment où ils souhaitent aller dîner." Une sale habitude.

Alors pour accélérer cette prise de conscience, les médias dédiés à la gastronomie le Fooding et au lifestyle Konbini ont publié en juin 2022 une tribune appelant les clients à "cesser cette pratique." Une centaine de restaurateurs y ont apposé leur signature.

Parce que les lapins qu’on pose comme des bombes, ça nous a bien amochés. Celle qui tire peut-être le plus la gueule, c’est la caisse, qui en prend un coup à chaque fois qu’on nous le fait, le coup.

Tribune "no more no show"

Tout le restaurant qui paie

Produits gâchés, cuisine perturbée, service parasité, organisation ébranlée, chiffre d’affaires impacté…le "no show" est la hantise des restaurants. Et ils ne sont pas tous égaux face à ce phénomène. Lorsqu'il s'agit d'un bistrot situé dans un quartier éloigné, les tables perdues ne représentent pas la même chose que celles dans un quartier passant.

Dans un article, publié par nos confrères du Huffington Post, un restaurateur exprime son désarroi dans un courrier satyrique. Le mis en cause un dénommé Martin, qui devait fêter ses 30 ans, avec une dizaine de copains et qui n'est jamais venu à sa réservation :

Nous avions, comme la réservation le demandait, préparé les bougies. Pour les cotillons, ce n'est pas le style de la maison, mais les équipes commençaient à se chauffer la voix pour apporter le gâteau. Vous vous dites: et alors, où est l'histoire? L'histoire c'est qu'au final, l'équipe n'a pas chanté. Le gâteau, lui, n'a pas été servi. Et la table a été dressée pour rien.

Et des Martin, il en existe beaucoup. "En moyenne, nous avons trois tables en no show par soir, mais comme nous sommes à deux pas de la promenade des Anglais, nous bénéficions d'un flux important d'allers-venues", reconnaît Olivier Daniel, le patron du Babel Babel. Il ajoute : "On ne compte pas dans les no show les personnes qui appellent pour décommander."

Parmi les pistes avancées pour expliquer ce phénomène, ce restaurateur ne mâche pas ses mots :

Il y a je pense un manque de civisme dans notre société moderne, les gens ne disent plus bonjour, ne laissent plus leur place dans le bus, réservent et ne viennent pas… C'est un tout.

Olivier Daniel, restaurateur à Nice.

S'ajoute à cela, la facilité que procure le smartphone pour réserver, quelques clics suffisent. Certains restaurants, ont d'ailleurs pu constater que les réservations en présentiel réduisaient considérablement le risque de no show.

Quelles solutions ?

Afin de dissuader les clients de se décider au dernier moment s'ils viennent ou non, de plus en plus de restaurants demandent lors de la réservation une empreinte bancaire. "On a pensé à mettre en place un système de caution de 40 euros, remboursée s'il n'y a pas de soucis", explique-t-on Chez Davia. Des système de relance par mails ou textos sont aussi pratiqués, des blacklists de serials "no show" érigées.

Dans les pays anglo-saxons, ce système d'acompte est déjà bien implanté. En France, les restaurateurs restent encore frileux :

Des entreprises proposent même leurs services pour assurer les restaurateurs en cas de réservations non-respectées.

Des plateformes de gestion, fournissent aussi des outils pour minimiser les pertes, comme la possibilité d'identifier à l'avance les clients qui pourraient poser problème, grâce à un système de fichage selon le nombre de lapins posés dans d'autres enseignes.

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