Pour Paolo Guidetti, professeur d'écologie à l'université Côte d'Azur, c'est l'Homme qui est responsable à la fois de l'apparition du coronavirus Covid-19, mais aussi de ses conséquences.
Le pangolin et la chauve-souris sont innocent. La pandémie de coronavirus Covid-19 est entièrement la faute de l'Homme, affirme Paolo Guidetti, professeur d'écologie à l'université Côte d'Azur et directeur du laboratoire Ecoseas de socio-écologie marine, spécialisé en écologie marine fondamentale et appliquée
"On soupçonne que le virus a été transmis à l'homme dans un "wet market" à Wuhan, où on vendait des animaux sauvages vivants qui étaient en contact étroit avec des animaux d’élevage vivants. C'est le besoin de plus de ressources alimentaires qui a incité les humains à envahir et détruire de nombreux habitats naturels pour créer des surfaces destinées à l'agriculture et à l’élevage intensif et industriel. Cela a exposé les animaux d’élevage, puis les humains, à des agents pathogènes jusque-là inconnus."
"Imaginez s'il y avait une pénurie de nourriture"
Pour ce chercheur, "la crise sanitaire du Coronavirus et la crise climatique mettent en évidence la fragilité de nos sociétés actuelles : imaginez s'il y avait une pénurie de nourriture au lieu d'une pénurie de masques. Ceux qui vivent dans les grandes villes et dans certains États privés d’aires productives paieraient alors une lourde facture".Pas besoin d'aller en Chine pour trouver des exemples. "Monaco a délégué la chose la plus essentielle : la production alimentaire. La population résidente dépend donc presque totalement pour se nourrir de ce qui est cultivé, élevé, pêché ailleurs. Presque la totalité de la surface disponible (à terre et le long de la côte) est construite. Si demain, pour une raison ou une autre il n'y a plus de possibilité d'importer, les gens manqueront de l'essentiel. Même chose pour la Plaine du Var à Nice, qui était autrefois la zone la plus productive."
Paolo Guidetti voit dans cette crise l'occasion d'une prise de conscience : "il n'est pas clairvoyant de dépendre des autres pour des secteurs vitaux, tels que l'alimentation et la santé. C'est pourquoi nous devons notamment réévaluer les activités de production locale. La crise sanitaire doit inciter l'Homme a produire et consommer différemment."