Plusieurs médecins niçois ont été victimes d’une vaste fraude aux pass sanitaires. Le parquet de Nice a ouvert une enquête.
C’est lorsqu’il a reçu des appels de région parisienne, provenant d’employeurs surpris de voir leurs salariés "antivax" produire des certificats de vaccination réalisées à Nice, que ce médecin niçois a compris que quelque chose clochait… Des personnes bénéficiant d'un prétendu schéma vaccinal complet, avec deux injections réalisées à Nice à seulement quatre semaines d’intervalle en plein été, situation peu probable.
Le parquet de Nice confie à la sûreté départementale des Alpes-Maritimes le soin d’enquêter sur une possible affaire d’usurpation d’identité, mais aussi de faux et usage de faux. "Des personnes se sont introduites dans le système professionnel avec les identifiants de médecins" précise le procureur de la République de Nice, Xavier Bonhomme. Le patron du parquet de Nice estime que plusieurs centaines de vrais faux pass sanitaires ont pu être créés, et vendus "plusieurs centaines d’euros".
C'est l'un de ces pass que détenait Aïcha
Car il s’agit là de vrais faux pass sanitaires, c'est-à-dire des documents authentiques, édités au nom de la personne, mais qui mentionnent des vaccinations factices. C'est l'un de ces pass que détenait Aïcha, une quinquagénaire décédée de la Covid début décembre à l'hôpital de Garches (Hauts-de-Seine). Pour les réaliser, les fraudeurs se seraient connectés avec les identifiants de médecins, dont plusieurs niçois.
"Dans le cadre de l’activité d’un centre de vaccination de Nice (le vaccinodrome du palais des Expositions), où nous réalisions à l’époque des faits, en juillet, 5 à 6.000 vaccinations par jour, des personnels administratifs sont chargés de valider les pass sanitaires une fois que les patients ont été vaccinés, explique le médecin. Ces agents se connectent sur un site professionnel avec les identifiants de la carte de santé dématérialisée des médecins."
Onze fraudeurs présumés renvoyés en correctionnelle
Comme les autres médecins sur place, ce praticien recevait donc sur son smartphone des notifications lui demandant de valider des connections. Sauf que parfois, à son insu, la demande ne provenait pas d'un agent du centre de vaccination de Nice, mais d'un individu extérieur, qui s'était procuré son identifiant... Lorsque le médecin validait la demande, le fraudeur pouvait alors produire des vrais faux pass sanitaires durant une ou deux heures !
"J’ai déposé plainte. Ce vendredi, le commissariat de l’Haÿ-les-Roses (Île-de-France) m'a indiqué que six mineurs et cinq majeurs ont été identifiés et seront jugés. Je vais me constituer partie civile." Le parquet de Nice s'est dessaisit du dossier au profit du parquet de Créteil qui enquêtait sur les mêmes faits.
Selon le dernier bilan fourni par le ministère de l'Intérieur, 182.000 faux pass sanitaires ont été découverts depuis le mois de juin sur l'ensemble du pays.