Lors d'une conférence de presse organisée devant l'aéroport de Nice ce dimanche 19 mars, le député de Paris a pris la parole en faveur de l'interdiction des vols privés. Son parti présentera une proposition de loi à l'Assemblée nationale le 6 avril.
Une mesure "moins radicale que l'interdiction de la circulation en période de pollution". Ce dimanche 19 mars, l'ancien secrétaire général d'Europe Ecologie Les Verts (EELV) et député de Paris Julien Bayou s'est rendu à Nice. Aux côtés de l'eurodéputée Caroline Roose et de la conseillère municipale de la ville de Nice Juliette Chesnel-Le roux, il a défendu sa proposition de loi interdisant les vols en jets privés.
"Est-ce que c'est radical de contraindre un ultra-riche à prendre l'avion (commercial, NDLR) ou à prendre le train ? Parce qu'en fait, c'est ça, si on interdit les vols en jet privé", s'est interrogé Julien Bayou au cours d'une conférence tenue devant le tarmac de l'aéroport niçois, deuxième plate-forme française pour l'aviation d'affaires derrière Paris-Le Bourget.
"Un aller-retour Paris-Nice en avion, c'est la consommation d'une voiture sur un an", a pointé l'élu écologiste, venu en train sur la Côte d'Azur. "Le Paris-Lille, le Paris-Londres ou le Paris-Bruxelles peuvent très bien se faire en train, en première classe, de manière très confortable et à défaut en avion" (commercial), a également estimé le député de la 5e circonscription de Paris.
Une proposition de loi présentée le 6 avril
"Interdire les vols en jets privés signifie que les personnes qui venaient en jets viendront en train ou en avion. Ça ne nuit donc pas au tourisme. Par contre, ça va réduire drastiquement toutes les nuisances liées à ces rotations" a déclaré le député vert au micro de France 3 Côte d'Azur.
Défendue par une vingtaine de députés dont Delphine Batho et Sandrine Rousseau, la proposition de loi visant "à interdire les vols en jets privés" pour favoriser la transition écologique sera présentée le 6 avril lors de la journée réservée aux écologistes à l'Assemblée.
L'interdiction concernerait les "services de transport aérien non réguliers de passagers ne faisant pas l'objet d'une exploitation commerciale", ainsi que les services non réguliers de transport aérien public "dont le nombre de passagers est inférieur à soixante".
Nice, un lieu choisi délibérément
Le choix de Nice pour ce déplacement n'est pas un hasard. Selon un classement établi en 2019 par la société PrivateFly, l'aéroport de Nice Côte d'Azur est la 3e destination préférée des jets privés, après Londres et New-York.
En 2021, les vols privés ont représenté 43 % des mouvements aériens (décollage ou atterrissage) de l'aéroport azuréen. À côté de cela, à l'échelle européenne, les vols privés ne représentent que 8 % de l'ensemble des vols, toujours selon PrivateFly.
Outre l'importance des vols privés sur la Côte d'Azur, notamment en lien avec Cannes, Monaco et Saint-Tropez, des lieux très fréquentés par les stars et riches hommes d'affaires, la ville est confrontée à un mouvement d'opposition à l'extension de la plate-forme aéroportuaire, la deuxième de France derrière Roissy-Orly.
Samedi, près de 500 personnes ont défilé de la promenade des Anglais jusqu'à l'aéroport pour protester contre des travaux d'agrandissement qui doivent permettre à la plate-forme aéroportuaire de gagner 25 000 m2 pour faire face, avec six nouvelles salles d'embarquement, à un trafic de passagers en augmentation. La surface actuelle de l'aéroport Nice Côte d'Azur est de 75 000 m2. Les manifestants répondaient à l'appel d'un collectif d'une trentaine d'organisations dont Attac, Greenpeace ou Extinction Rébellion.
L'avion, un moyen de transport de moins en moins bien vu ?
Contestés en justice par deux associations écologistes, ces travaux ont été autorisés en octobre par le tribunal administratif de Marseille qui a rejeté leur recours. L'association France Nature Environnement des Alpes-Maritimes a fait appel de cette décision, mais ce recours n'est pas suspensif.
Les opposants invoquent les effets négatifs, sur la santé humaine ou l'environnement, de l'augmentation du trafic aérien inéluctablement engendrée, selon eux, par l'agrandissement.
Des critiques que la direction de l'aéroport réfute, l'augmentation du nombre de mouvements d'avions n'étant pas proportionnelle, selon elle, à l'accroissement du nombre de passagers.
De manière plus générale, l'aviation est aujourd'hui de plus en plus décriée. Ce mode de transport est même perçu par certains écologistes comme une aberration sociale et environnementale, à l'heure de la crise écologique.
Le jet privé, un jouet très polluant
Les jets privés en particulier sont parfois assimilés aux privilèges des ultra-riches et à la pollution. En effet, si l’aviation privée ne représente que 0,1 % des émissions mondiales de CO₂, un jet pollue autant en une heure qu’un Français en un an.
Dans le magazine "Complément d'enquête. Jets privés et ultra-riches: ça plane pour eux" diffusé le jeudi 9 mars sur France 2, France Télévisions revient sur la polémique qui touche l’aviation d’affaires.
La Côte d’Azur étant sans surprise la destination numéro 1 des jets privés en France, une partie du reportage est consacrée à l’aéroport de Cannes-Mandelieu.
Avec AFP