Deux sénatrices présentent ce mercredi un rapport sur la politique de déradicalisation et de désendoctrinement mise en place en France. Selon elles, "On a fait dans l'amateurisme".
"C'est un fiasco complet, tout est à repenser, tout est à reconstruire", a commenté le président de la commission des Lois du Sénat, Philippe Bas, lors d'une conférencede presse.
Rapporteures de la mission d'information "désendoctrinement, désembrigadement et réinsertion des djihadistes en Europe", la sénatrice écologiste Esther Benbassa et sa collègue Les Républicains (LR), Catherine Troendlé dressent un bilan global peu flatteur de la politique de déradicalisation et en particulier du centre dédié de Pontourny (Indre-et-Loire) qualifié de "fiasco".
#Déradicalisation. Oui, le gouvernement a manqué sa cible. Mais nul ne peut soutenir qu'un autre, au même moment, aurait fait mieux. @sénat
— Esther Benbassa (@EstherBenbassa) 22 février 2017
Parmi les critiques, celles d'Esther Benbassa. la sénatrice a montré du doigt la "hâte" avec laquelle les programmes de déradicalisation ont été conçus.
► REVOIR "Djihad : l’impossible retour ?" et "Marseille et le risque terroriste", deux reportages consacrés au risque terroriste en PACA et diffusés en 2015 dans un numéro exceptionnel d'Enquêtes de régions :
La sénatrice a déploré notamment un "business de la déradicalisation": "malgré leur bonne volonté, plusieurs associations, recherchant des financements publics en période de pénurie budgétaire, se sont tournées sans réelle expérience vers le secteur de la déradicalisation."
Mme Benbassa a appelé les pouvoirs publics à "changer de concept" sur cette problématique dont elle ne nie pas la complexité. "N'importe quel gouvernement aurait fait la même erreur, par manque d'expérience et de temps", a souligné la sénatrice du Val-de-Marne.
"L'erreur principale a été le manque de prévention", a-t-elle ajouté.
Elle appelle à une présence renforcée des chercheurs dans la réflexion et les dispositifs de déradicalisation: "il faut envisager le désembrigadement sous l'angle de la socialisation, de la réinsertion et du suivi individualisé".
"Il y a eu une grande gabegie financière", a aussi relevé la sénatrice du Haut-Rhin, Catherine Troendlé.
"Ce bilan d'étape doit permettre d'alerter les autorités et montrer que la réponse apportée dans la précipitation n'est pas viable". Le rapport définitif de la mission d'information doit être rendu en juillet, ont annoncé les sénatrices.
- Avec AFP