Ce jeudi 6 juillet, je me suis rendu au palais Nikaïa de Nice pour assister au deuxième jour des LFL Days, les championnats de France du jeu vidéo League of Legends. Plongée de quelqu'un qui n'y connaît pas grand chose aux jeux vidéos dans le monde de plus en plus populaire du e-sport.
Autant le dire tout de suite, je ne suis pas un "gamer" (= un joueur de jeux vidéos). Alors lorsque l'on me propose d'aller faire un tour aux LFL Days de Nice - grande compétition dédiée au jeu vidéo League of Legends - je ne sais pas vraiment à quoi m'attendre, ni sur quoi je vais tomber.
Moi devant un écran au boulot, c'est ça :
Lors de mon arrivée au palais Nikaïa de Nice, le monde présent sur le parvis de la salle de concert ainsi que le bruit qui en émane me font tout de suite comprendre que je m'apprête à assister à un grand évènement.
Grand, car au total, ce sont plus de 10.000 personnes qui sont venues, ces 5 et 6 juillet à Nice, assister à ce tournoi entre les dix meilleures équipes francophones du jeu couramment appelé "LoL", diminutif de League of Legends. Comment ? Vous ne connaissez pas ce jeu ? Allez, tout de même...
Il est le jeu vidéo le plus joué au monde, même si des manifestations accueillant du public comme celle-ci ne se tiennent que deux fois par an, en février et en juillet (et pas toujours à Nice, évidemment !).
Je me considère donc comme chanceux. Et j'y vais !
Grosse ambiance
En pénétrant dans le hall, je tombe tout de suite sur des supporters de l'équipe Karmine. Facile, c'est écrit au dos des maillots qu'ils arborent quasiment tous. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils savent le mouiller pour mettre l'ambiance. Je suis tout de suite pris dans leur ferveur.
J'en profite pour demander en quoi consiste précisément le jeu :
Tout le monde est sur une même carte. Le but est de détruire la base adverse. Pour cela, il faut accumuler de l'or en tuant les adversaires afin de s'acheter de meilleurs équipements.
Un joueur qui m'aide !
Il y a dix équipes de cinq joueurs. Chacun d'entre eux a un rôle déterminé, on peut être attaquant ou défenseur. Pour se départager, les équipes jouent les unes contre les autres. Une partie dure en moyenne une trentaine de minutes, même si cela peut être parfois beaucoup plus long.
Team Go vs Izidream
19h. C'est l'heure du match entre l'équipe Izidream, d'Aix-en-Provence, et l'équipe Team Go, de Levallois-Perret, en banlieue parisienne. Atmosphère combat de boxe pour cette confrontation "sudistes contre parigots".
Lors de l'arrivée des joueurs sur la scène, le public est déchaîné.
Les pintes de bière que je vois défiler dans les mains des spectateurs y sont peut-être pour quelque chose dans cette ambiance électrisante. Mais le climat est bon enfant. Le public, majoritairement masculin et principalement composé de gamers, doit avoir en moyenne entre 15 et 40 ans.
Ils semblent tous passionnés et heureux d'être là. "L'ambiance est extraordinaire, le public est dingue", s'enthousiasme Bertrand Amar, directeur de la LFL, plus de 70% des personnes qui sont ici n'habitent pas la région. Ils se déplacent, traversent la France, pour se retrouver entre supporters et partager leur passion pour l'e-sport".
L'e-sport, un sport presque comme les autres
En France, le jeu League of Legends possède son propre championnat : la LFL. "Ce serait l'équivalent de la Ligue 1 pour le foot", m'explique-t-on. Et comme pour le jeu de ballon, chaque équipe possède ses "ultras", son collectif constitué de ses plus fervents supporters.
Là n'est pas la seule similitude avec la ligue de football française. La LFL répond elle aussi à des règles bien définies et encadrées. Les matchs de championnat se jouent tous les mercredis et jeudis de janvier à avril. Une victoire rapporte 1 point et une défaite 0 point.
Les six des dix meilleures équipes s'affrontent ensuite dans un arbre à élimination directe. Les trois meilleures équipes gagnent le droit de participer au championnat européen, qui se déroule entre avril et juin.
Un essor indéniable
L'e-sport est une activité en vogue. Le phénomène s'est considérablement développé ces dernières années : "l'audience de l'e-sport a plus que doublé en cinq ans. En 2018, on estimait qu'il y avait à peu près 5 millions de personnes qui consommait des contenus régulièrement. Aujourd'hui, en 2023, on est à plus de 10 millions", m'apprend Bertrand Amar.
"Avant, quand on disait jeux vidéos, les gens pensaient au geek hirsute qui ne sort pas de sa chambre. Aujourd'hui, l'image a changé. C'est en train de devenir quelque chose de plus en plus cool !"
Théo, fan d'e-sport
Car les matchs sont aussi retransmis en direct sur la plateforme Twitch. L'année dernière, les LFL Days ont atteint un pic d'audience de 221.000 personnes.
En additionnant les spectateurs qui ont regardé l'évènement en rediffusion à ceux qui l'ont suivi en direct, le chiffre monte même à 4,65 millions de personnes.
Avec de telles données, difficile de dénier que l'on assiste à une réelle démocratisation de ce sport presque comme les autres, bien que virtuel.
Une bonne expérience
Je repars avec le sentiment d'avoir passé un bon moment. D'après mon expérience, le monde du e-sport paraît loin d'être exclusif ou réservé au cercle des initiés.
Et si, je dois bien l'avouer, le jargon n'est pas forcément compréhensible tout de suite, les gamers nous éclairent de bon coeur, parfois un brin amusés de voir débarquer une personne "extérieure".
Comme s'il y avait une volonté de s'ouvrir à de nouveaux profils et d'élargir cet univers autrefois mystérieux à tous ceux que la curiosité mènerait sur le chemin de l'e-sport.
Je ne vais pas me mettre à jouer aux jeux vidéos demain, mais si les LFL Days venaient à l'avenir à revenir dans la région, j'y retournerais avec plaisir !