En Méditerranée, des tortues caouanne suivies à la trace par des scientifiques

Deux tortues caouannes sont suivies en Méditerranée depuis trois mois à l'aide de balises GPS. Capturées au large des côtes maralpines, elles sont surveillées dans le cadre d'un programme de conservation. Le but est de comprendre l'état de santé des populations de tortues afin de mieux les protéger à l'avenir.

Papeete et Ange se baladent depuis trois mois entre les côtes maralpines, varoises, la Corse et le large de l'Occitanie. Ces deux tortues caouanne mâle de 63 et 34 kg ont été équipées cet été de balises ARGOS (GPS) par le Muséum national d'Histoire naturelle de Paris, lors d'une campagne de suivi des tortues marines organisée par l'association Marineland cet été.

Leur voyage est surveillé de près par l'Office français de la Biodiversité (OFB). 

Ça va nous permettre de mieux comprendre comment se déplacent ces espèces, en cartographiant des zones particulières dans le cycle de vie des espèces, pour leur alimentation, l'hivernage ou la migration. Ces zones peuvent être à haut risque d'interaction avec les activités humaine. Dans ces zones un peu sensibles, on mettra en place une gestion appropriée. Il faut limiter les pressions qu’elles peuvent subir, et améliorer ainsi leur état de santé.

Anthony Caro, chargé de mission patrimoine naturel au sein de l’OFB, délégation de façade méditerranée

Des risques humains

Ces "pressions" sont souvent liées à l'activité humaine : captures accidentelles dans des engins de pêches - professionnelle ou non -, le réchauffement de la Méditerranée, la dégradation des habitats ou encore la pollution. "Les tortues confondent parfois les méduses, qui constituent en partie leur alimentation, avec des déchets plastiques. Cela accroît le risque de mortalité", précise Anthony Caro. 

Depuis plusieurs années, de nombreuses campagnes sensibilisent les usagers de la mer aux comportements à adopter en cas de rencontre avec une tortue. 

Un programme baptisé ObsTortueMed (Observation des Tortues Marines en Méditerrannée) a vu le jour, et regroupe plusieurs réseaux et associations engagés dans la préservation de l'espèce.

La campagne de surveillance qui permet le suivi (entre aute) d'Ange et Papeete va permettre de mieux comprendre les habitudes de cette espèce protégée en Méditerranée, et surtout les zones sensibles.

"Nous avons identifié une zone où il y avait beaucoup d'observations de tortues. Cette campagne a été l'occasion de vérifier la forte fréquentation de cette zone et la bonne santé des tortues rencontrées." 

Anthony Caro veut "rester vague" sur l'identification de cette zone afin d'éviter la "sur-fréquentation".

Un suivi rassurant 

Depuis le 13 septembre, les déplacements de Papeete et d'Ange sont scrutés. À chaque fois que les tortues remontent à la surface, leurs balises GPS indiquent leur localisation. En à peine trois mois, les deux mâles se sont croisés, séparés, puis retrouvés. Des côtes niçoises à celles de la Corse, en passant par le Var, on peut voir, sur cette carte, qu'ils sont allés loin au large.

Des premiers résultats intéressants pour Anthony Caro. Mais il faudra étudier toutes les données pour en apprendre plus sur ces deux individus.

Entre 2021 et 2024, une quarantaine de tortues seront ainsi suivis en Méditerranée, dans le cadre du programme HABITOM coordonné par Muséum national d'Histoire naturelle. Les campagnes permettent d'observer et de recenser les populations : "il y a un prélèvement génétique, une prise de sang et des mesures biométriques qui sont effectuées pour étudier l’état de ces tortues marines. Et les plus grosses sont équipées d'une balise GPS." Six d'entre elles peuvent être suivies sur le site du Muséum national d'Histoire naturelle.

Des pontes sur les côtes varoises

L'animal fascine autant qu'il doit être protégé.

C'est une espèce protégée au titre de la directive européenne Natura 2000. C'est une espèce en danger qu’il est nécessaire de surveiller, pour mieux connaitre ses déplacements, voir si les effectifs se maintiennent.

Anthony Caro (OFB)

En 2020, une femelle avait pondu sur les côtes varoises, à Fréjus et Saint-Aygulf. Un fait assez rare en France, contrairement à d'autres pays européens. Un comportement qui pourrait être lié au réchauffement climatique.

Papeete et Ange devraient être surveillées, comme les autres tortues de la campagne, durant un à deux ans, durée de vie de leur balise Argos.

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