Le petit oiseau, qui vit en haute mer et ne se rapproche habituellement des terres que pour se reproduire, est observé sur les côtes méditerranéennes depuis quinze jours.
Ils sont de partout. Le 19 novembre ils ont été filmés dans le port de Nice. La semaine dernière, ils ont été vus à Hyères (Var) mais aussi à Port-Saint-Louis-du-Rhône (Bouches-du-Rhône). Ces derniers jours, c'est dans la calanque de Morgiou, entre Marseille et Cassis, ainsi que le long d'une plage d'Ajaccio que les volatiles ont été surpris en pleine baignade.
Il s'agit de pingouins torda (également appelé Petit pingouin et dont alca torda est le nom scientifique). "Il y a une population d'hivernage de pingouins torda en mer Méditerranée mais cette année, il y a pas mal d'individus qui se sont rapprochés des côtes, c'est assez exceptionnel", explique Amandine Pericard, responsable du centre de soins pour la faune sauvage U Pettirossu, en Corse.
"C'est entre octobre et mars que vous aurez le plus de chance de croiser le pingouin torda à Hyères", assure la Ligue française pour la protection des oiseaux (LPO) Paca sur son site internet.
Cet afflux inhabituel est constaté de l'Espagne au Sud-Est de la France, en passant par la Corse. "Ces oiseaux pélagiques (de haute mer, NDLR) ne viennent en principe à terre que pour se reproduire. Le reste du temps, ils sont adeptes de la tempête, des embruns, de la haute mer, donc c'est assez étonnant de les voir ici", explique Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue française pour la protection des oiseaux.
Le spécialiste évoque plusieurs hypothèses pour expliquer ce phénomène. "Dans le Nord, ils ont des difficultés alimentaires, les ressources en poissons, avec le réchauffement climatique, montent beaucoup plus au nord et pendant la nidification, ils doivent faire des cheminements beaucoup plus lointains pour arriver à trouver les poissons afin d'alimenter les jeunes. Recherchent-ils de nouvelles sources d'alimentation ? C'est possible."
Autre hypothèse : "On a vu à l'intérieur des terres des oiseaux marins qui n'ont rien à faire dans l'univers des hommes après des tempêtes ou des vents violents qui avaient fragilisé les oiseaux et les avaient emportés."
Mais "ce qui m'inquiète le plus aujourd'hui ce sont les dangers de la grippe aviaire", met en garde Allain Bougrain-Dubourg. "Beaucoup d'oiseaux endémiques comme le Fou de Bassan, qui n'ont aucun contact direct avec l'homme comme les pingouins torda, ont été frappés par la grippe aviaire. Peut-être ont-ils été contaminés par des goélands qui, eux, font le lien entre la terre et les zones de reproduction", suggère-t-il, appelant à ne "surtout pas les toucher."
Avec AFP.