Environ 200 salariés du groupe Nice-Matin, placé en redressement judiciaire, ont manifesté devant le palais de justice de Nice. Une intersyndicale a été reçue par le parquet en vue d'un dépôt de plainte contre leur actionnaire Groupe Hersant Média pour "abus de bien social" et "banqueroute".
Certains manifestants portaient un T-shirt rouge avec la mention "Non à la vente de Nice-Matin à la découpe". Symboliquement, ils ont tous eté en l'air des feuilles de papier journal immaculées.
Demande des comptes
"Depuis 2008, le groupe paye des "management fees" (facturation d'une maison-mère à un filiale pour des prestations de service) de l'ordre de trois millions d'euros par an, portant notamment sur des prestations informatiques ou juridiques.
Nous avons de forts soupçons sur le fait que ces services sont fictifs", a dit Jean-François Roubaud, délégué SNJ.
"C'est pourquoi nous demandons des comptes aujourd'hui au groupe Hersant en voulant déposer une plainte", a déclaré de son côté Gérard Pitocchi (CGT), avant l'entrevue avec le procureur de la République à Nice.
Intervenants:
Gérard PITOCCHI Délégué syndical CGT - Groupe Nice-Matin
Jean-François ROUBAUD Délégué syndical SNJ - Groupe Nice-Matin
Frédéric BERTAYNA Secrétaire général CGT - Groupe Nice-Matin
Redressement judiciaire
Le groupe de presse déficitaire a été placé le 26 mai en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Nice afin d'être en mesure de payer les salaires de mai. GHM a finalement abandonné l'idée d'avancer encore deux mois de trésorerie.Un tandem de repreneurs potentiels composé de Jean Icart (ex-élu niçois) et GXP Capital(fonds d'investissement) s'était engagé à apporter 20 millions d'euros début février pour prendre une participation majoritaire et financer la relance du groupe. Le versement n'a pas été fait à ce jour.
Le tribunal de commerce a décidé d'une procédure de redressement judiciaire pour le groupe Nice-Matin (611 salariés), et pour sa société de distribution Publinice-Services (346 salariés). Par ailleurs, une procédure de sauvegarde judiciaire a été lancée pour sa régie publicitaire Eurosud Côte-d'Azur (176 salariés). Une période d'observation a été ouverte pendant six mois.
Le groupe Nice-Matin, qui emploie environ 1.200 salariés, a terminé l'année 2013 sur une perte d'exploitation de 6 millions d'euros, qui s'est encore creusée en 2014. Il publie les quotidiens Nice-Matin (qui tire à 90.000 exemplaires), Var-Matin (65.000 exemplaires) et Monaco-Matin. Le groupe détient aussi 50% du capital de la société Corse Presse, qui édite Corse-Matin.