7ème semaine d'épidémie en France, aucune région n'est épargnée : 727 cas pour 100000 habitants en Provence-Alpes-Côte d'Azur. A l'hôpital Saint-Roch, à Nice, la tension est extrême; le service des urgences demande aux malades, lorsqu'ils le peuvent, de se tourner vers leur généraliste.
Aux urgences de Saint-Roch, ça commence par un ballet incessant d'ambulances, ça se poursuit par l'arrivée ininterrompu de brancards, pour se terminer, dans un couloir, où les patients doivent prendre leur mal en patience, faute de places.Trouver une place, un lit, c'est mission quasiment impossible; toute la journée, les médecins tentent de diriger leurs patients dans d'autres hôpitaux.
Tous ces appels téléphoniques, c'est du temps que les docteurs ne peuvent pas consacrer aux malades, des malades qui ont le sentiment d'être abandonnés à leur triste sort.
Epidémie de grippe, patients âgés, un "cocktail" explosif pour les urgences totalement sous tension depuis quelques jours.
Un patient a même dû prendre son mal en patience un jour et demi la semaine dernière; parfois, il a un peu plus de chance; dans l'hypothèse où une place se libère à l'hôpital l'Archet...
Pour désengorger le service, les urgences appellent les patients à s'adresser en priorité à leur médecin généraliste, s'ils le peuvent bien sûr. (Avec VéroniqueLupo)
Syndromes Grippaux :
Fièvre supérieure à 39°C, d'apparition brutale, accompagnée de myalgies et de signes respiratoires.
A partir de ce nombre de consultations pour syndromes grippaux, il est possible d'estimer la part attribuable aux virus de la Grippe.
Voir le Réseau Sentinelles : http://websenti.u707.jussieu.fr/sentiweb/?site=pa
Le point sur l'épidémie au plan national :
Si l'épidémie de "gastro" s'achève, l'épidémie de grippe reste intense en France métropolitaine, avec 25 décès en réanimation recensés depuis le 1er novembre dernier, selon les organismes de surveillance. L'Institut de veille sanitaire (InVS) note que la grippe est "intense" avec une "forte augmentation" des passages aux urgences "essentiellement" d'enfants de moins de 14 ans (60% des passages aux urgences et 45% des hospitalisations alors qu'ils ne comptent que pour 18% de la population française).
Depuis le 1er novembre 2012, 236 cas de grippe ont été admis en réanimation, dont les 25 personnes décédées, selon l'InVS. Le nombre de ces cas graves dépassent déjà celui enregistré au moment du pic épidémique de la saison précédente, mais la proportion des décès reste inférieure à celle des saisons passées. Près des deux-tiers des cas admis en réanimation présentaient un facteur de risque et "seuls 8% avaient été préalablement vaccinés".
Les patients avec facteurs de risque, autres que la grossesse et l'obésité morbide, tels que maladies chroniques ou 65 ans et plus, sont en excès (60% des cas graves pour 16% de la population). 21 des patients décédés étaient infectés par un virus grippal A et 4 par un B. "Les trois virus A(H1N1)pdm09, A(H3N2) et B continuent de co-circuler, avec une légère dominance du virus B depuis deux semaines, notamment dans le sud-est de la France", souligne le réseau Grog (Groupes Régionaux d'Observation de la Grippe).
La semaine dernière, "la grippe été responsable d'environ 1.100.000 recours aux médecins généralistes et pédiatres", estiment les Grog. Il s'agit de la 7e semaine consécutive de hausse de l'activité épidémique, note pour sa part le réseau Sentinelles qui estime à 546.700 les nouveaux cas de syndromes grippaux vus en médecine générale la semaine dernière. L'épidémie de grippe "pourrait avoir atteint son pic d'ici la semaine prochaine", selon lui.
Sentinelles ne prend en compte que les grippes avec fièvre d'apparition soudaine et dépassant 39 degrés, accompagnée de courbatures et de signes respiratoires. Sur ces critères, il estime à 1.786.000 le nombre de grippés vus en consultation au cours des sept premières semaines d'épidémie.
Les régions les plus touchées la semaine dernière étaient selon Sentinelles : Nord-Pas-de-Calais (2.093 pour 100.000 habitants), Rhône-Alpes (1.310), Limousin (1.228), Languedoc-Roussillon (974), Centre (852), Auvergne (851), Champagne-Ardenne (810), Provence-Alpes-Côte-d'Azur (727), Bretagne (718), Alsace (689), Franche-Comté (685) et Ile-de-France (655).
L'épidémie de gastroentérite est en revanche terminée. Elle "aura duré quatre semaines" touchant "légèrement moins de 900.000 personnes en métropole", a indiqué Sentinelles mercredi d'après de premières estimations. En moyenne, en métropole, les épidémies de gastro durent sept semaines et touchent 1.400.000 personnes. (AFP)
Reportage : Véronique Lupo, Jean-Christophe Routhier, Alain Véjux